Un soldat américain, accusé notamment d'avoir organisé pour s'amuser le meurtre de trois civils afghans pendant son déploiement en Afghanistan, sera traduit en cour martiale, ont annoncé vendredi les autorités militaires.

La date du procès de Jeremy Morlock, 22 ans, n'a pas encore été fixée, précise un communiqué de la Base militaire interarmées de Lewis-McCord, dans l'État de Washington.

La traduction du jeune homme en cour martiale avait été requise par l'accusation lors d'une audience préliminaire, en septembre dernier.

Jeremy Morlock sera le premier d'un groupe de cinq soldats à être jugé dans cette affaire particulièrement macabre.

Selon l'accusation, les cinq soldats auraient organisé pour s'amuser le meurtre de trois civils afghans entre janvier et mai 2010, pendant leur déploiement dans la province de Kandahar, et auraient, pour certains d'entre eux, démembré des corps, conservé des parties de cadavres et pris des photos aux côtés des dépouilles.

Jeremy Morlock fait face à huit chefs d'accusation, parmi lesquels meurtres avec préméditation, agression, conspiration, consommation de drogue et tentative d'obstruction d'une enquête judiciaire.

S'il est jugé coupable pour l'ensemble de ces chefs d'accusation, il risque une peine de prison à vie incompressible, précisent les autorités militaires.

Lors de l'audience préliminaire, la majorité des témoins -dont trois des accusés- avaient refusé de témoigner et peu de détails avaient filtré sur les meurtres présumés.

Selon l'accusation, Jeremy Morlock avait reconnu lors d'interrogatoires avoir participé à des «scénarios» ayant conduit à la mort de civils.

Mais son avocat, Michael Waddington, avait minimisé les déclarations de son client, en soulignant qu'il «recevait alors un traitement médical» suite à des lésions au cerveau, provoquant nausées et troubles du sommeil.

L'avocat avait également mis l'accent sur le fait que les corps des trois civils afghans n'avaient jamais été retrouvés et estimé qu'«aucune enquête en bonne et due forme» n'avait été faite sur les lieux des meurtres présumés.

Jeremy Morlock et plusieurs autres soldats sont également accusés d'avoir passé à tabac un de leurs camarades pour tenter d'étouffer une enquête sur la consommation de haschich au sein de leur groupe.

Des audiences préliminaires sont prévues pour les quatre autres soldats impliqués dans l'affaire, afin de décider de leur éventuel renvoi devant une cour martiale. Mais aucune date n'a encore été fixée pour ces audiences.

L'affaire est explosive pour l'armée américaine, qui peine à gagner la confiance de la population afghane, en particulier dans la province de Kandahar, bastion des talibans.