L'administration Obama a demandé jeudi à une juge fédérale de suspendre sa décision d'interdire l'application de la loi qui oblige depuis 1993 les militaires homosexuels à dissimuler leur orientation sexuelle, en attendant une décision en appel.

La juge californienne Virginia Phillips avait interdit mardi au gouvernement américain de poursuivre l'application de la loi dite «Don't ask don't tell» (DADT, «Ne rien demander, ne rien dire») au motif qu'elle n'était pas constitutionnelle.

Dans une très courte requête, le ministère américain de la Justice demande à la juge de suspendre sa décision pendant la procédure d'appel ou au moins le temps que la cour d'appel puisse elle-même se prononcer sur une éventuelle suspension.

Le président américain Barack Obama est défavorable à cette loi votée sous l'administration de Bill Clinton et a demandé son abrogation lors de son discours sur l'état de l'Union en janvier 2010.

La Chambre des représentants a accédé à sa demande au mois de mai, mais le Sénat a refusé le 21 septembre d'ouvrir le débat sur la question.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates et le chef d'état-major interarmées, l'amiral Mike Mullen, ont apporté leur soutien à l'initiative de M. Obama.

«Cette loi sera abolie et elle le sera pendant que je suis aux commandes», a déclaré le président américain jeudi lors d'un forum avec des jeunes retransmis en direct sur MTV.

Interrogé sur la contradiction entre cette position et le dépôt d'un appel contre l'interdiction de la loi, il a expliqué qu'il lui fallait «suivre les règles». «Je ne peux pas simplement ignorer des lois qui existent, je dois travailler pour qu'elles changent», a-t-il argumenté.

«Toute personne souhaitant servir sous les drapeaux et se sacrifier en notre nom, en celui de notre sécurité nationale, devrait pouvoir le faire sans avoir à mentir sur qui elle est», a ajouté M. Obama. Il a précisé que selon lui, être homosexuel, «ce n'est pas un choix». «Je pense que les gens sont ce qu'ils sont à la naissance et nous sommes tous des enfants de Dieu», a-t-il déclaré.

La loi DADT avait été adoptée en 1993 sous l'administration Clinton. Elle était alors considérée comme un compromis: d'un côté les autorités ne demandaient pas leur orientation sexuelle aux soldats -- pour ne pas avoir à exclure les homosexuels, comme l'exige la loi --, de l'autre les gais devaient dissimuler leur homosexualité.

En interdisant sa mise en application, la juge Phillips avait expliqué mardi que la loi «ne respecte pas les droits fondamentaux des militaires américains, viole le droit à une application égalitaire de la loi et le droit à la liberté d'expression».

Elle avait interdit au Pentagone de poursuivre toute enquête ou renvoi en cours dans le cadre de cette loi.

Jeudi, le Pentagone avait reconnu que cette intervention de la justice avait provoqué un moratoire «de facto».