L'administration Obama a invoqué le secret d'État pour éviter un procès intenté au nom de l'imam radical américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, dont le père accuse le gouvernement américain de vouloir l'éliminer.

En août, Nasser al-Aulaqi, le père d'Anwar al-Aulaqui qui se serait réfugié au Yémen, avait demandé à des associations américaines de déposer plainte contre le gouvernement et la CIA pour avoir placé son fils sur la liste des cibles de tirs de drones.

Dans sa plainte, soutenue par l'organisation de défense des libertés civiles Aclu et le Centre pour les Droits constitutionnels (CCR), il demandait que la justice force l'administration à révéler selon quels critères elle décidait de mettre des citoyens sur une liste d'assassinats ciblés.

Dans des arguments déposés par plusieurs hauts responsables de l'administration Obama vendredi devant un tribunal fédéral du District de Colombia, le patron de la CIA Leon Panetta invoque «le privilège du secret d'État (...) pour protéger des sources de renseignements».

«Ce cas ne peut être évoqué devant la justice sans risquer de devoir rendre publics des renseignements classés secrets», écrit M. Panetta.

«L'idée que les tribunaux n'ont pas de rôle à jouer dans la détermination des critères selon lesquels l'exécutif peut tuer ses propres citoyens est inacceptable dans une démocratie», ont réagi samedi l'Aclu et le CCR dans un courriel à l'AFP.

«En matière de vie et de mort, l'exécutif ne peut pas avoir un chèque en blanc», a insisté l'Aclu.

Né dans l'État du Nouveau-Mexique (sud-est des États-Unis), Anwar al-Aulaqi, 39 ans, est connu pour avoir entretenu une correspondance avec le commandant américain Nidal Hassan accusé de la fusillade qui a fait 13 morts en novembre 2009 à la base de Fort Hood (Texas).

Il a également été mis en cause dans l'attentat raté commis par le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab dans un avion américain reliant Detroit à Amsterdam le jour de Noël 2009.

En avril, l'administration américaine a donné son feu vert à l'élimination de l'imam, après que les services de renseignement eurent affirmé qu'il ne se contentait plus de soutenir le terrorisme mais y participait directement.

Mi-juillet, elle a annoncé le gel de ses avoirs et interdit à tout ressortissant américain d'entrer en contact avec lui.