La police fédérale américaine (FBI) a menti au Congrès et poursuivi des enquêtes pour «terrorisme» non justifiées contre des associations militantes de gauche entre 2001 et 2006, selon un rapport publié lundi, qui relève néanmoins que la pratique n'était pas généralisée.

Commandé par le Congrès il y a quatre ans, après la publication dans la presse de documents montrant les excès commis par la police américaine à la faveur de règles assouplies après le 11 Septembre, ce rapport a été rédigé par l'Inspecteur général du ministère américain de la Justice.

Il se concentre sur des enquêtes menées par le FBI concernant les activités de plusieurs associations, dont l'organisation opposée à la guerre Thomas Merton Center, Greenpeace, ou encore l'association de défense des animaux Peta.

L'inspecteur général précise néanmoins que si ces manquements aux règles ont pu avoir lieu ponctuellement, appelant à des poursuites individuelles dans certains cas, «les preuves montrent que le FBI n'a pas ciblé d'organisations sur la seule base de leurs activités militantes».

Mais, «dans plusieurs cas, les raisons factuelles de lancer une enquête étaient faibles».

Le rapport décrit par exemple comment «un jour calme» de 2002, un agent du FBI a été envoyé à une manifestation anti-guerre à Pittsburgh sans qu'il y ait «aucun indice liant cette mission à une enquête ou à un quelconque renseignement selon lequel un terroriste pourrait être présent à cette manifestation», assure l'inspecteur général.

En période d'essai, le jeune agent a pris sur place la photo d'une manifestante d'origine moyen-orientale distribuant des tracts, puis a basé son rapport sur des recherches réalisées sur internet.

Lorsque ce rapport a été rendu public - sur la base de la loi américaine pour la liberté d'informer - en 2006, «le FBI a publié un communiqué de presse» assurant que son agent avait été dépêché sur place dans le cadre d'une enquête en cours.

Puis, deux mois plus tard, lors d'une audition au Congrès, le directeur du FBI Robert Mueller a assuré que le policier «cherchait à identifier une personne dont nous pensions qu'elle était à cette manifestation».

«Les deux explications étaient fausses», rappelle l'inspecteur général, et elles laissaient entendre à tort que la surveillance de cette manifestation était «la conséquence de renseignements selon lesquels certaines personnes liées au terrorisme international seraient présentes».

«Des informations erronées ont été fournies au directeur du FBI et au Congrès», a précisé Timothy Murphy, directeur adjoint de la police fédérale dans une lettre en réponse au rapport, exprimant les «regrets» du FBI dans cette affaire. Interrogé par l'AFP, le FBI a renvoyé vers ces propos de son directeur-adjoint.