Le Canada et les États-Unis ont-ils un rôle à jouer dans la prévention de génocides? Des chercheurs de Concordia croient que oui. Près d'un an après la publication de leur étude sur la question, ils ont trouvé une oreille attentive à Washington. L'administration Obama a mis en oeuvre deux des dix recommandations émises dans l'étude Mobiliser la volonté d'intervenir, publiée par l'Institut montréalais d'études sur le génocide et les droits de la personne.

Washington a créé un poste de directeur pour les crimes de guerre au Conseil de sécurité nationale en avril dernier. En juin, un Comité des politiques inter-agences sur la prévention des atrocités de masse a vu le jour. Les responsables de l'étude ont bon espoir que les États-Unis suivent leurs autres suggestions, comme l'allocation d'un financement fédéral ou la mise sur pied d'une formation spécifique pour les militaires.

«La réponse de l'administration Obama a été un très beau début, dit le codirecteur de l'étude Frank Chalk. L'impact est très significatif. Pour la première fois, un officier est responsable de prévenir les atrocités. C'est incroyable.»

Codirigée par le lieutenant-général à la retraite et sénateur Roméo Dallaire, l'étude de 133 pages a pour but d'influencer les dirigeants canadiens et américains à prendre des actions pour prévenir les «atrocités de masse» et les génocides partout dans le monde.

Les chercheurs espèrent que le Canada emboîtera le pas aux États-Unis. «Nous n'avons pas eu la même réaction du Canada. Nous espérons que le Canada prendra conscience des menaces que les atrocités de masse posent sur la sécurité des Canadiens», dit le professeur Chalk.

«Notre ambition est que Montréal devienne un centre mondial pour la prévention des atrocités de masse», note Kyle Matthews, chercheur principal de l'Institut.

Les chercheurs espèrent sensibiliser d'autres grandes capitales à l'importance d'intervenir pour prévenir les génocides.

«Mais il faut faire des études pour chaque pays, pour émettre des recommandations spécifiques», précise M. Matthews. Il se rendra en Afrique du Sud pour présenter un nouveau rapport le mois prochain.