Des ONG ont salué vendredi aux États-Unis une décision judiciaire affirmant que laisser des bouteilles d'eau dans le désert pour aider les immigrés clandestins qui franchissent la frontière mexicaine n'est pas un délit.

Une cour d'appel de Las Vegas a annulé cette semaine la condamnation d'un militant, Dan Millis, qui était accusé d'avoir «semé des détritus» en laissant des bouteilles d'eau sur des chemins fréquentés habituellement par les immigrés à la frontière entre l'Arizona et le Mexique.

Des centaines de milliers d'aspirants à l'immigration tentent chaque année de franchir la frontière mexicaine, mais un grand nombre d'entre eux meurent dans la chaleur étouffante avant de réussir à atteindre une ville.

Dan Millis, militant du groupe No More Deaths (Plus de morts), avait été inculpé en septembre 2008 pour avoir laissé des bouteilles d'eau dans les zones fréquentées par les migrants.

Mais la cour d'appel a jugé que ces bouteilles ne pouvaient pas être considérées comme des «détritus» car elles avaient un but humanitaire en évitant une mort par déshydratation.

«Je reste attristé par la tragédie qui se poursuit le long de la frontière, mais je suis content et soulagé que la cour ait enfin clairement statué que l'aide humanitaire n'est jamais un crime», a déclaré Dan Millis.

Enrique Morones, président de l'organisation Border Angels (Anges de la frontière) qui place également de l'eau, de la nourriture et d'autres denrées dans le désert, a lui aussi salué la décision de justice, tout en jugeant regrettable qu'une bataille légale ait été nécessaire.

«Il est totalement hypocrite pour les États-Unis, qui sont responsables d'un tiers de la pollution de la planète, de se soucier de quelqu'un qui laisse quelques litres d'eau pour sauver des vies», a-t-il dit.

Selon No More Deaths, plus de 214 restes humains ont été retrouvés dans le sud de l'Arizona depuis le début de l'année, ce qui risque d'en faire l'une des plus meurtrières pour les migrants tentant de se rendre aux États-Unis.