Faute de l'anesthésiant indispensable à la composition du cocktail mortel, plusieurs États américains vont devoir interrompre leurs exécutions au moins jusqu'à début 2011.

«Nous nous efforçons de reprendre la production et nous envisageons de remettre le produit sur le marché début 2011», a assuré à l'AFP Dan Rosenberg, porte-parole de Hospira, le seul laboratoire pharmaceutique fabriquant le thiopental aux États-Unis et actuellement en rupture de stock.

Il précise que le laboratoire «fabrique cet anesthésiant pour les hôpitaux, pas pour les exécutions capitales, et n'encourage pas son usage dans ce type de procédure».

Le cocktail mortel injecté aux condamnés est composé de trois produits diffusés par intraveineuse. D'abord le thiopental qui endort, puis le pancuronium qui paralyse les muscles et stoppe la respiration, enfin le chlorure de potassium qui arrête le coeur.

Deux États, l'Ohio (nord) et Washington (nord-ouest), ont choisi d'injecter le seul thiopental mais à dose tellement forte qu'il en devient mortel.

En raison de la rupture de stock nationale, le gouverneur du Kentucky (centre-est) a récemment expliqué qu'il ne signait qu'un seul ordre d'exécution sur les trois attendant sur son bureau.

«L'État a suffisamment de thiopental pour une exécution et la dose sera périmée le 1er octobre», a assuré Steve Beshear. Le 16 septembre, Gregory Wilson, depuis 22 ans dans le couloir de la mort, sera donc mis à mort avec la dernière dose de thiopental.

Mais Ralph Baze et Robert Foley, qui ont également épuisé tous leurs appels, bénéficient d'un sursis supplémentaire.

Dans l'Oklahoma (sud) aussi, les stocks s'épuisent. «Nous avons assez de produit pour une exécution», explique à l'AFP Jerry Massie, porte-parole des autorités pénitentiaires. Mais deux mises à mort sont prévues d'ici la fin 2010, une le 14 octobre, la deuxième le surlendemain.

Un juge fédéral a suspendu mi-août l'exécution de Jeffrey Matthews le jour même où elle devait avoir lieu parce que l'État prévoyait de substituer un autre anesthésiant au thiopental, ce que les avocats du condamné apparentaient à de l'«expérimentation» humaine.

«Le parquet de l'Oklahoma a déposé un recours contre la suspension puisque nous ne pouvons pas nous procurer le produit en temps et en heure et assurer l'exécution en conformité avec le protocole habituel», a détaillé M. Massie, assurant «attendre l'audience» pour dire si l'une des deux exécutions devra être reportée.

Hospira assure ne pas savoir quels sont les États américains pâtissant de la rupture de stock, a affirmé M. Rosenberg, parce que «la plupart de nos produits sont vendus par l'intermédiaire de distributeurs».

Une dizaine d'États américains pratiquent régulièrement la peine de mort, parmi lesquels les deux plus actifs sont le Texas (sud) - 16 exécutions en 2010 - et l'Ohio - 6 exécutions en 2010.

Au Texas, on affirme ne pas rencontrer de difficulté. «Nous avons suffisamment d'anesthésiant pour les deux exécutions pour l'instant prévues» d'ici fin 2010, déclare à l'AFP Michelle Lyons, porte-parole des autorités pénitentiaires.

Elle a affirmé ne pas être en mesure de dire si un problème surviendrait avec les suivantes. «La plupart des informations sur les produits, à l'exception de leurs noms et leurs dosages, ne sont pas publiques», rappelle-t-elle.

Même son de cloche dans l'Ohio qui, selon le gouverneur du Kentucky, frôle  pourtant la rupture de stock, d'autant plus qu'il utilise davantage de thiopental que les autres. «Nous ne souhaitons pas donner d'informations sur ce sujet, pour des raisons de sécurité», a répondu Julie Walburn, chef de la communication des autorités pénitentiaires de l'État.