Le ministère américain de la Justice a déposé plainte jeudi contre Joe Arpaio, un shérif de l'Arizona qui a acquis une réputation nationale controversée pour la guerre sans merci qu'il livre aux immigrés illégaux.

Le shérif du comté de Maricopa Joe Arpaio, 78 ans, dont la politique zélée de lutte contre l'immigration illégale, jusqu'aux mauvais traitements, est commentée dans tout le pays, est au centre de cette plainte.

Avec son bureau, il est poursuivi pour ne pas avoir coopéré avec la justice fédérale qui avait ouvert une enquête préliminaire pour discriminations en juin 2008. En mars 2009, le ministère de la Justice avait réactivé une enquête formelle et demandé à avoir accès à des documents.

«En tant que bénéficiaire de financements fédéraux, (il) est tenu par la loi, le règlement et par contrat de permettre à l'État fédéral de consulter les documents et autres informations liés à une enquête» pour discrimination raciale ou liée à l'origine, affirme le ministère dans la plainte.

Le shérif Arpaio est soupçonné d'ordonner à ses troupes de cibler les contrôles d'identité sur les Mexicains afin de déceler des clandestins avec, entre autres stratégies, de vastes rafles en pleine rue, dans des usines ou à l'extérieur des restaurants.

Dans un communiqué, Joe Arpaio a affirmé que cette plainte faisait de l'Arizona le «bouc-émissaire de Washington».

«Les gens de Washington ont rencontré mes avocats il y a quelques jours (...) et admis qu'ils avaient déjà des milliers de pages des documents requis», écrit le shérif.

«Ils nous ont fait de grands sourires et maintenant ils nous poignardent dans le dos avec cette plainte», ajoute-t-il.

«Washington n'agit pas de façon juste et il est temps que les Américains se réveillent et voient ce gouvernement tel qu'il est: calculateur et sournois, et absolument pas préoccupé par les intérêts des citoyens légaux de ce pays», conclut-il.

Les élus de l'Arizona sont au coeur d'une vaste controverse nationale depuis qu'une loi sur l'immigration très restrictive a été votée. Entrée en vigueur fin juillet, elle était notamment censée permettre à la police de vérifier le statut migratoire de toute personne interpellée. Pour ses opposants, la loi légalise de fait le délit de faciès.

L'État fédéral a contesté en justice et obtenu fin juillet la suspension de cette mesure. La gouverneure de l'Arizona, Jan Brewer, a fait appel de cette suspension.

Un tiers des 6,6 millions d'habitants de l'Arizona ne sont pas nés aux États-Unis et quelque 460 000, selon les estimations, sont en situation irrégulière.