Un imposant rassemblement de conservateurs, organisé par l'animateur-vedette de Fox News Glenn Beck, a lieu aujourd'hui à Washington. Il ne passera peut-être pas à l'histoire, mais il est déjà assuré d'une place dans les annales de la controverse, raconte notre collaborateur.

La décision de l'animateur de télévision conservateur Glenn Beck d'organiser aujourd'hui un rassemblement devant le Lincoln Memorial à Washington, jour anniversaire du célèbre discours «I Have a Dream» de Martin Luther King, n'en finit plus de faire couler de l'encre aux États-Unis.

Pour ses détracteurs, l'événement tenu sur les marches même où Martin Luther King a fait part de son «rêve» d'une Amérique multiraciale, est vu, au mieux, comme un acte de récupération douteux. Au pire, comme une tentative de souiller la mémoire du leader des droits civiques.

Glenn Beck, qui a comparé le 5 août dernier «l'Amérique de Barack Obama» à la «Planète des singes» et qui a déjà qualifié de «raciste» le premier président noir américain, a plutôt plaidé les hasards du calendrier. Il a répondu à ses critiques qu'il s'agissait d'une «divine providence».

Figure ultra médiatique et colorée de la droite conservatrice, sorte de leader spirituel du mouvement Tea Party, Glenn Beck a notamment invité Sarah Palin à venir s'exprimer à ses côtés aujourd'hui. Plusieurs dizaines de milliers de personne sont attendues sur l'immense esplanade.

Apolitique ou pas?

Le but de ce rassemblement? Selon Beck, il s'agit d'un événement apolitique pour rendre hommage aux soldats américains et restaurer les valeurs de la nation.

«Il n'y aura absolument pas de politique impliquée, a promis Glenn Beck. Ce rassemblement sera l'occasion d'honorer les troupes, d'unir les Américains derrière les principes d'intégrité et de vérité, et de s'engager à restaurer notre honneur personnel et celui de notre pays.»

Ericka Paylor, une organisatrice communautaire qui participe à la mise sur pied d'une contre-manifestation intitulée «Celebrate The Dream», doute fortement du caractère apolitique de l'événement de Beck.

«Quand votre événement est co-sponsorisé par la National Rifle Association (NRA) et que Sarah Palin est un des principaux orateurs, cela évoque certainement un point de vue politique d'extrême droite», explique-t-elle au téléphone.

Selon la publication Politico, l'événement de Glenn Beck a reçu des appuis financiers et promotionnels de la NRA (le lobby des armes à feu), de politiciens républicains, de groupes liés au mouvement Tea Party et du groupe de pression conservateur Americans For Prosperity.

Véhicule d'autopromotion

Politico précisait toutefois que des personnalités et des organisations conservatrices ont préféré prendre leurs distances, craignant qu'il ne s'agisse d'un véhicule d'autopromotion pour Glenn Beck, une sorte de «Beckapalooza».

La cible préférée des attaques de l'animateur de Fox News, Barack Obama, ne devrait pas être à Washington pour entendre les échos des discours de Beck et de Sarah Palin. Le président est toujours en congé à Martha's Vineyard.