L'ancien président américain Jimmy Carter prévoit de se rendre bientôt en Corée du Nord dans le cadre d'une mission visant à faire libérer un Américain de 30 ans emprisonné depuis avril dans ce pays, rapporte lundi le magazine Foreign Policy.

«Jimmy Carter s'apprête à voyager en Corée du Nord très bientôt, selon deux sources familières des projets de l'ancien président, qui ont qualifié ce déplacement de mission privée pour faire libérer un citoyen américain emprisonné là-bas», écrit le magazine sur son site internet.

Le départ de l'ancien président démocrate américain, lauréat du prix Nobel de la Paix, est une «question de jours», selon l'article.

Les États-Unis ont fait part à plusieurs reprises de leur préoccupation concernant la santé d'Aijalon Mahli Gomes, condamné à huit ans de travaux forcés et à une amende de 700 000 dollars par le régime de Pyongyang pour avoir traversé illégalement la frontière nord-coréenne en provenance de Chine.

Aijalon Gomes, un ancien professeur d'anglais de 30 ans connu pour sa foi chrétienne, a été arrêté en janvier et condamné en avril. Il avait franchi la frontière nord-coréenne un mois après le missionnaire américain Robert Park, qui avait traversé une rivière gelée le jour de Noël, et dont il aurait pu vouloir suivre l'exemple. Park a été libéré en février sans avoir à subir de procès.

Les médias d'État nord-coréens avaient annoncé en juillet que Gomes avait été hospitalisé après avoir tenté de se suicider. KCNA, porte-voix de la propagande du régime, avait alors attribué son geste présumé à un «fort sentiment de culpabilité» et à la «déception et au désespoir nourris à l'égard du gouvernement américain qui n'a pris aucune mesure pour sa libération».

Foreign Policy précise que Jimmy Carter, 86 ans, voyagerait à titre privé, peut-être en compagnie de sa femme et de sa fille, et sans représentant de l'administration.

Sa mission serait comparable à celle entreprise par Bill Clinton l'an dernier et qui avait permis la libération de deux journalistes de Current TV, Laura Ling et Euna Lee, qui avaient également été arrêtées après avoir franchi illégalement la frontière.

Interrogé dans la journée de lundi sur l'éventualité d'un voyage de M. Carter en Corée du Nord, le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, avait répondu aux journalistes: «il n'y a rien que je puisse vous communiquer».

La Maison Blanche n'a pas confirmé la tenue de ce voyage, mais un haut responsable de l'administration interrogé par l'AFP, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a indiqué qu'un tel voyage ne pouvait entrer que dans le cadre d'«un effort humanitaire privé».

Jimmy Carter avait effectué un voyage sans précédent en Corée du Nord en 1994, au moment où les États-Unis étaient proches de la guerre avec le régime de Pyongyang en raison de son programme nucléaire. Il avait alors réussi à apaiser les tensions avec le dirigeant nord-coréen Kim Il-Sung.

En mars dernier, au cours d'une visite à Séoul, il avait pressé la Corée du Sud et les États-Unis d'entamer des négociations directes avec Pyongyang, expliquant qu'un échec des négociations sur le désarmement nucléaire risquait de mener à une guerre «catastrophique».