Des sénateurs américains ont écrit vendredi aux dirigeants de la Libye, de l'Ecosse et du Qatar, demandant une enquête sur d'eventuelles pressions commerciales ayant mené à la libération du Libyen Megrahi, seul condamné dans l'attentat de Lockerbie (1988).

Dans cette lettre, rendue publique lors d'une conférence de presse à Newark (New Jersey, nord-est), les sénateurs Robert Menendez (démocrate, New Jersey), Frank Lautenberg (démocrate, New Jersey), Charles Schumer (démocrate, New York) et Kirsten Gillibrand (démocrate, New York), mettent en doute les raisons médicales invoquées par le gouvernement écossais pour libérer Abdelbasset Al-Megrahi il y a tout juste un an, le 20 août 2009.

Contrairement à ce qui avait été annoncé la veille, seuls Robert Menendez et Frank Lautenberg étaient présents à Newark, une parente de victimes de l'attentat --38 d'entre eux provenaient du New Jersey-- s'étant rétractée au dernier moment.

«M. Al-Megrahi est toujours en vie un an après sa libération», souligne la lettre, rappelant que le condamné avait été jugé «atteint d'un cancer en phase terminale» lors de son départ pour la Libye.

«Le ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, avait assuré qu'aucune considération politique, économique ou diplomatique n'avait entravé sa décision (...) mais beaucoup de questions demeurent», poursuit le document.

«Les familles des victimes du vol Pan Am 103 (qui s'était écrasé sur le village écossais de Lockerbie en 1988, tuant 270 personnes, dont 189 Américains, ndlr) se demandent toujours si des questions commerciales entre la Libye, le Qatar et l'Ecosse n'ont pas joué un rôle dans la libération», indique la lettre.

Le document rappelle que le Qatar avait octroyé en 2008 d'importantes aides publiques à l'Ecosse avant de demander en 2009, par la voie de Cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani --alors président de la Ligue arabe--, la libération du Libyen.

«Le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait par ailleurs reconnu que le cas de Megrahi était crucial pour l'avenir de la coopération (avec la Libye), notamment pour la compagnie pétrolière BP», a souligné M. Menendez.