De plus en plus d'Américains croient à tort que le président Barack Obama est musulman, selon deux sondages publiés jeudi au moment où un projet de mosquée près du site des attentats du 11 Septembre à New York, soutenu par le président, fait polémique.

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Selon une enquête de Time Magazine, 24% des Américains pensent que Barack Obama est musulman alors même que le président américain se rend régulièrement à l'église et a fait de nombreuses déclarations publiques sur sa foi chrétienne.

Dans un autre sondage du centre d'études Pew Forum, 18% d'Américains affirment que leur président est de confession musulmane, un chiffre en hausse de sept points par rapport à mars 2009.

L'enquête du Time montre aussi une animosité grandissante de la part des Américains vis-à-vis de l'islam: 28% des interrogés estiment qu'il devrait être interdit à un musulman de siéger à la Cour suprême et 32% qu'il ne devrait pas pouvoir être candidat à la présidence des États-Unis.

Quelque 46% des personnes interrogées prétendent que l'islam, plus que les autres religions, encourage la violence à l'encontre des incroyants, selon le sondage du Time.

Parallèlement, le nombre d'Américains qui identifient correctement Barack Obama comme chrétien a chuté de près de moitié en un an, à 34%, selon Pew. 43% des sondés, selon ce sondage et 24%, selon Time, affirment ne pas savoir de quelle confession il est.

Ces dernières années, les présidents successifs ont été très religieux de George W. Bush à Bill Clinton en passant par Jimmy Carter.

Parmi les républicains, plus d'un tiers (34%) affirment qu'Obama est de confession musulmane mais le Pew Forum note que «même parmi ses supporters, moins de la moitié affirment désormais qu'Obama est chrétien, soit 46% des démocrates, contre 55% en mars 2009».

Ces sondages ont été réalisés avant (Pew) et après (Time) l'apparition d'une controverse sur un projet de construction à New York d'une mosquée non loin du site de «Ground zero», qui provoque notamment l'opposition des familles de victimes.

À quelques mois des élections législatives de novembre et alors que le président Obama lutte avec une économie en berne, la progression des doutes de l'opinion publique sur sa religion pourrait nourrir les attaques de l'opposition.

M. Obama a défendu vendredi dernier le droit d'ériger une mosquée à proximité du site des tours jumelles, au nom de la liberté de culte garantie par la Constitution et plusieurs élus républicains se sont engouffrés dans la brèche pour le présenter comme «déconnecté» de la population.

Dans un plaidoyer passionné pour la liberté de culte, le président avait affirmé que les musulmans avaient «le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire dans une propriété privée dans le sud de Manhattan».

Selon le Time, 61% de la population est contre ce projet de mosquée de 15 étages près de «Ground zéro» tandis que 26% sont pour.

Même de proches alliés de M. Obama, comme le chef des démocrates au Sénat Harry Reid, ont pris leurs distances avec lui dans cette affaire, craignant les conséquences de cette polémique sur leur popularité à deux mois et demi d'élections législatives cruciales.

Plus généralement, l'enquête du Time montre aussi qu'un bon nombre d'Américains ne verraient de toutes façons pas d'un bon oeil la construction d'un centre religieux d'une confession différente de la leur dans leur voisinage: 24% seraient contre un centre mormon, 18% contre une synagogue et 14% contre une église catholique.