Le commandant des forces américaines et internationales en Afghanistan David Petraeus se réserve le droit de dire à Barack Obama qu'un retrait du pays à partir de juillet 2011, comme prévu par le président américain, serait prématuré, selon une interview diffusée dimanche.

Interrogé par la chaîne NBC pour savoir s'il pourrait juger que le processus de retrait ne peut pas débuter à cette date, le général a dit: «certainement, oui».

Observant qu'il «ne considérait pas (cette date comme) contraignante», le général a ajouté que, lors de ses entretiens début juillet avec le président Obama, celui-ci lui avait «clairement indiqué que ce qu'il attend de moi, ce sont mes meilleurs conseils militaires».

«Nous avons eu une bonne discussion sur cela et je pense que le président a été très clair en expliquant qu'il s'agissait d'un processus, pas d'un événement, et que cela dépendra des conditions» sur le terrain, a poursuivi le haut gradé.

M. Obama a été vivement critiqué par les républicains pour avoir fixé une date au début de retrait américain qui selon eux ne peut que conforter l'ennemi.

Prenant la défense de M. Obama, le général Petraeus a expliqué que le président avait avancé cette date pour donner «un sens d'une urgence accrue» en Afghanistan.

En décembre 2009, M. Obama avait annoncé sa nouvelle stratégie militaire dans ce pays, avec l'envoi de 30 000 troupes américaines supplémentaires pour porter leur total à près de 100 000, afin de tenter de briser l'élan des talibans. Il avait alors avancé cette date de juillet 2011 pour le début du retrait.

Les remarques du général Petraeus interviennent au moment où le soutien des Américains à l'engagement des États-Unis en Afghanistan est au plus bas et que juillet a été le mois le plus meurtrier du conflit pour les soldats américains (66 tués).

Le site indépendant icasualties.org a également annoncé dimanche que le nombre de soldats étrangers tués en Afghanistan depuis le début de l'invasion américaine avait franchi la barre symbolique des 2000.

Selon un sondage de l'institut Gallup et du quotidien USA Today publié début août, 62% des Américains estiment que la situation en Afghanistan est «assez» ou «très mauvaise», contre 34% d'un avis contraire.

Le général Petraeus a reconnu dimanche que les progrès accomplis en Afghanistan étaient lents, les décrivant comme une série de «hauts et de bas» dans les efforts pour conquérir les territoires contrôlés par les talibans, créant de «petites poches de progrès» qui, a-t-il espéré vont s'étendre.

Il a par ailleurs précisé dans une interview au Washington Post diffusée dimanche que 365 chefs de l'insurrection et 2.400 combattants avaient été tués ou capturés ces trois derniers mois conduisant «des chefs de certains éléments» insurgés à entamer des discussions de réconciliation avec le gouvernement Afghan.»

Le général a aussi présenté l'engagement américain et international comme indispensable pour contrer Al-Qaïda et les extrémistes, laissant le temps au gouvernement du président Hamid Karzaï de renforcer son autorité.

Le haut gradé américain, qui a pris le commandement de la coalition en Afghanistan le 4 juillet, en remplacement du général Stanley McChrystal, écarté après ses critiques contre l'administration américaine, a affirmé entretenir de bonnes relations avec M. Karzaï avec lequel il a dit parler en moyenne «une fois par jour».

Le général Petraeus a aussi fustigé la publication annoncée par Wikileaks de nouveaux documents militaires confidentiels sur le conflit afghan qu'il a jugé «extrêmement malencontreuse».

Enfin, il a indiqué que le chef du réseau Al-Qaïda Oussama ben Laden était probablement caché dans «une région montagneuse très isolée» de l'Afghanistan ou du Pakistan, soulignant que sa capture était toujours souhaitée.