Le Sénat américain a confirmé jeudi la nomination comme juge à la Cour suprême d'Elena Kagan, désignée par le président Barack Obama le 10 mai pour siéger parmi les neuf sages de la haute juridiction.

Les élus ont approuvé par 63 voix contre 37 la candidate désignée en mai par le président Barack Obama pour succéder au juge John Paul Stevens, 90 ans, qui vient de prendre sa retraite. Cinq républicains ont rejoint les rangs de la majorité. Seul un démocrate, Ben Nelson, a voté contre.

La nomination de Mme Kagan, qui occupait le poste d'avocate de l'administration Obama auprès de la Cour suprême, ne modifie pas l'équilibre de la Cour, Mme Kagan étant considérée comme progressiste, à l'instar de son prédécesseur.

A 50 ans, Elena Kagan devient ainsi la benjamine de la plus haute juridiction des Etats-Unis et la quatrième femme à y être nommée après Sandra Day O'Connor, aujourd'hui à la retraite, Ruth Bader Ginsburg et Sonia Sotomayor. Et, pour la première fois, trois femmes y siègeraient en même temps, aux côtés de six hommes.

Au cours d'une série d'audiences fleuve qui a débuté le 28 juin, les sénateurs de la commission Judiciaire ont décortiqué dans les moindres détails la vie et la carrière de Mme Kagan.

Depuis mardi, les élus de la chambre haute débattaient en séance plénière de la nomination de la candidate du président, la deuxième juge à la Cour suprême nommée par M. Obama après Mme Sotomayor, approuvée par le Sénat à l'été 2009.

Cette semaine, plusieurs élus républicains ont vivement critiqué les sensibilités progressistes de Mme Kagan sur divers sujets de société. En effet, la Cour suprême est appelée à se prononcer sur des questions qui façonnent la société américaine, comme la peine de mort, les discriminations, la liberté d'expression, mais aussi des questions économiques ou environnementales.

«Tout au long de sa carrière, Mme Kagan a placé la politique au dessus de la loi», a déclaré jeudi le républicain Jeff Sessions, un des membres influents de la commission Judiciaire du Sénat, en estimant notamment que les positions de la candidate étaient une menace notamment pour le 2e amendement de la Constitution américaine sur le droit de porter des armes.

«Pour faire simple, c'est une militante politique, pas une juriste», a estimé mercredi le républicain Richard Shelby.

Parmi les reproches soulevés par les républicains figure le fait qu'elle ait refusé -- lorsqu'elle était doyenne la prestigieuse université de Harvard entre 2003 et 2009 -- l'entrée du campus aux militaires venus recruter, une pratique traditionnelle de la prestigieuse université. Mais ses défenseurs affirment que les recrutements ont pu se poursuivre via les organisations étudiantes.

De leur côté, les élus démocrates ont mis en avant notamment les grandes qualités intellectuelles de la candidate.

Le président de la commission Judiciaire du Sénat, le démocrate Patrick Leahy, a estimé au cours du débat Mme Kagan avait «bien fait comprendre qu'elle se fonderait pour ses décisions sur la loi et la constitution. Non pas la politique ou les objectifs idéologiques».

Pour lui, Mme Kagan «n'a pas seulement les qualités pour être juge à la Cour suprême, mais a également montré son respect pour l'état de droit, son appréciation de la séparation des pouvoirs, et sa compréhension de la signification de notre constitution».