L'ancien général James Clapper, désigné par Barack Obama pour diriger le renseignement américain, a dit qu'il ne souhaitait pas «faire de la figuration» à ce poste lors d'une audition au Sénat mardi, alors que le renseignement est critiqué pour son manque de coordination.

«Je ne voudrais pas accepter ce poste, si je devais faire de la figuration», a dit M. Clapper lors de son audition de confirmation devant la commission du Renseignement du Sénat.

  

La chambre haute du Congrès américain doit donner son approbation avant que M. Clapper puisse accéder à ses nouvelles fonctions.

La Direction nationale du renseignement (DNI), que M. Obama souhaite le voir diriger, peine à imprimer sa marque sur le renseignement américain, historiquement dominé par la CIA.

C'est la quatrième fois en cinq ans que cette jeune institution change de main. M. Clapper a été désigné pour succéder à Dennis Blair forcé à démissionner le 20 mai dernier, après 16 mois en poste.

«Je réfléchis à mes 46 années d'expérience dans le domaine du renseignement et j'ai confiance en ma capacité de servir avec diligence et de façon compétente au poste de directeur du renseignement national, si j'étais confirmé», a estimé M. Clapper dans la version écrite de la déclaration qu'il devait lire.

Cette audition intervient alors que le Washington Post publie cette semaine une série d'articles sur les services de sécurité américains mis en place après le 11-Septembre. La vaste enquête du quotidien américain conclut notamment que les services sont devenus si tentaculaires, secrets et inextricables qu'il est impossible d'en connaître avec précision l'efficacité.

La présidente de la commission Dianne Feinstein a, lors de l'audition de M. Clapper, fait implicitement référence à ces critiques.

«Chaque jour de la semaine, mois par mois, la DNI doit assurer la coordination entre les agences de renseignement pour éviter les doublons et améliorer le partage d'informations», a-t-elle déclaré.

Elle a loué la grande expérience de M. Clapper, tout en mettant en lumière le grand défi que représente le poste.

«J'ai toujours pensé que la DNI avait besoin d'un leader fort», a-t-elle dit.

«Je m'inquiète de savoir si vous serez capable de faire ce que M. Blair n'a pas pu faire», a pour sa part lancé le sénateur Kit Bond, responsable républicain de la commission du Renseignement.

Selon lui, la nouvelle DNI devra être dirigée par une personnalité forte qui devra établir son contrôle sur les organismes gouvernementaux liés au renseignement.

En outre, interrogé sur la fermeture éventuelle du centre de détention américain de Guantanamo, M. Clapper a simplement répondu : «cela aiderait l'image des Etats-Unis si nous (le) fermions». L'administration Obama a promis de fermer Guantanamo.

Le président Barack Obama avait désigné M. Clapper le 5 juin pour occuper ce poste en affirmant qu'il avait son «entière confiance et (son) soutien total».

Le secrétaire à la Défense Robert Gates, lui-même ancien directeur de la CIA, a défendu le choix du président.

A la tête d'un réseau tentaculaire de 16 administrations employant quelque 200.000 personnes, la DNI n'a paradoxalement jamais bénéficié d'une autorité directe sur les membres et le budget des différents services.