Où donc les Obama passeront-ils leurs vacances du mois d'août? Sur les plages de Martha's Vineyard, comme l'été dernier, ou le long du golfe du Mexique? Avant de fixer son choix, le président américain pourrait toujours suivre l'exemple de Bill Clinton en commandant un sondage sur le lieu de villégiature qui l'avantagerait le plus sur le plan politique.

Il a fallu que la famille présidentielle passe un week-end dans le Maine pour rappeler qu'aucune décision du chef de la Maison-Blanche n'échappe à la critique, y compris celle concernant ses vacances estivales. Certains commentateurs et blogueurs conservateurs ont ainsi accusé Barack et Michelle Obama d'hypocrisie pour avoir choisi de passer deux jours avec leurs filles Malia et Sasha dans le parc national Acadia, où ils ont fait de la bicyclette, joué au tennis et dégusté de la crème glacée, entre autres.

Après tout, ont fait valoir les commentateurs, le président et sa femme n'avaient-ils pas encouragé leurs compatriotes à passer leurs vacances estivales dans la région du golfe du Mexique afin d'y soutenir l'industrie touristique déprimée? Ne devraient-ils pas donner l'exemple? Ce titre, publié sur un blogue conservateur, donne un aperçu de la teneur des critiques suscitées par le week-end de la première famille en Nouvelle-Angleterre: «Michelle Obama aux Américains: passez vos congés dans le Golfe - si vous avez besoin de nous, nous serons en vacances dans le Maine.»

Sans accuser les Obama d'hypocrisie, le Parti républicain, sur un site baptisé «Jouer au golf ou sauver le Golfe», a classé les vacances du président dans le Maine parmi ses activités soi-disant douteuses depuis le début de la marée noire. Le site reproche également au président d'avoir joué 10 rondes de golf dans la foulée de l'explosion et du naufrage de la plateforme Deepwater Horizon, il y a trois mois.

Le Parti républicain est évidemment celui de Ronald Reagan et George W. Bush, deux présidents qui n'ont jamais donné l'impression d'être des bourreaux de travail, et dont les longues vacances dans leur ranch ont souvent été ridiculisées. Le 40e président a passé un total de 335 jours à Santa Barbara au cours de ses deux mandats à la Maison-Blanche, alors que le 43e en a écoulé 490 à Crawford. Et cela n'inclut pas les centaines de journées d'oisiveté à Camp David.

Malgré tout, Reagan et Bush ne sont même pas venus près de menacer le record établi par James Madison pour le plus grand nombre de jours de vacances accumulés par un président. En 1816, lors de la dernière année de son deuxième mandat, le successeur de Thomas Jefferson a quitté la Maison-Blanche en juin pour n'y revenir qu'en octobre, quatre mois plus tard. Les sept premières années de sa présidence, il s'était contenté de trois mois de vacances chaque été.

Autre temps, autres moeurs

Même si la destination des Obama pour leurs vacances d'août n'a pas encore été confirmée, tout indique qu'ils retourneront à Martha's Vineyard, île au large de Cape Cod prisée par les vedettes de Hollywood et la classe politique. Durant l'été 1996, Bill Clinton avait lui-même renoncé à s'y rendre, ayant été convaincu par son gourou politique de l'époque, Dick Morris, d'aller faire de la randonnée pédestre avec sa famille dans le Wyoming, une activité et une destination moins élitistes auxquelles s'étaient montrés favorables la majorité des répondants d'un sondage.

Dans le climat hyper partisan qui prévaut aux États-Unis, Barack Obama doit sans doute se dire qu'il sera critiqué quoi qu'il fasse et où qu'il aille en août. En se rendant avec sa famille sur une plage de l'Alabama ou de la Floride, il pourrait ainsi être accusé d'opportunisme politique par les mêmes personnes qui l'ont accusé d'hypocrisie pour avoir choisi de passer deux jours dans le Maine.

Mais il y a un président dont Barack Obama ne suivra jamais l'exemple en matière de vacances. Il s'agit de Gerald Ford, qui s'était rendu en Martinique, département d'outre-mer français, à la fin de 1974, histoire de se reposer sur le bord d'une piscine avec son homologue de l'Hexagone, Valéry Giscard d'Estaing.