Comme l'a souligné un analyste israélien, il aurait fallu que Barack Obama et Benyamin Nétanyahou en viennent aux coups devant les journalistes pour que leur rencontre d'hier à la Maison-Blanche laisse une aussi mauvaise impression que la précédente.

Au lieu d'un tel affrontement, les deux dirigeants ont échangé des poignées de main franches et affiché la plus cordiale des ententes à l'issue d'un entretien de 90 minutes qu'ils ont qualifié d'«excellent». Leurs discussions ont notamment porté sur la nécessité de reprendre les négociations directes de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Selon le président américain, la reprise de ces négociations devrait avoir lieu «bien avant» l'expiration du gel provisoire et partiel de la construction dans les implantations de Cisjordanie occupée prévue le 26 septembre. De son côté, le premier ministre israélien s'est engagé à prendre des «mesures concrètes» dans les prochaines semaines pour relancer le processus de paix d'«une façon très vigoureuse».

Les Palestiniens, qui ont suspendu les négociations directes en décembre 2008 durant l'offensive d'Israël à Gaza, ont posé certaines conditions à leur reprise, dont l'arrêt total de la colonisation israélienne.

«Prendre des risques»

«Je crois que le premier ministre Nétanyahou veut la paix. Je pense qu'il est prêt à prendre des risques», a déclaré le président Obama, qui a salué l'allègement du blocus de Gaza décrété par Israël.

En mars, le président Obama avait réservé au premier ministre Nétanyahou un accueil glacial à la Maison-Blanche, refusant notamment de se faire photographier en sa compagnie et de casser la croûte avec lui. Cette rencontre faisait suite à la controverse soulevée par l'annonce de la construction de 1 600 logements dans un quartier de Jérusalem-Est annexé en pleine visite du vice-président Joseph Biden en Israël.

Le 1er juin, le président Obama et le premier ministre Nétanyahou devaient tenter de tourner la page d'une période de tensions inhabituelles entre Washington et l'État hébreu, mais leur rencontre à la Maison-Blanche avait été annulée en raison du raid israélien de la veille contre la flottille internationale pour Gaza, qui avait soulevé un tollé.

Hier, en conférence de presse, les deux dirigeants ont démenti toute fracture entre leurs pays. Barack Obama a affirmé que «les liens entre les États-Unis et Israël sont incassables», tandis que Benjamin Nétanyahou s'est permis de citer l'écrivain Mark Twain de façon approximative pour dire la même chose.

«Les rumeurs sur la mort de la relation spéciale (entre les États-Unis et Israël) ne sont pas seulement prématurées, elles sont tout à fait fausses», a-t-il dit.

Plomb durci : militaire poursuivi

La rencontre entre le président Obama et le premier ministre Nétanyahou s'est déroulée quelques heures après l'annonce par l'armée israélienne des premières poursuites engagées contre un militaire israélien pour avoir tué des civils au cours de l'Opération «Plomb durci» à Gaza durant l'hiver 2008-2009. Le soldat est accusé d'avoir abattu deux Palestiniennes brandissant des drapeaux blancs. La justice militaire le poursuivra pour homicide.

Selon un communiqué de l'armée israélienne, la décision du procureur militaire repose sur le fait que le soldat «qui servait comme tireur d'élite, avait délibérément visé un individu marchant dans un groupe de personnes brandissant un drapeau blanc sans en avoir reçu l'ordre ni y avoir été autorisé».