Cinq des dix personnes arrêtées dimanche aux États-Unis dans le cadre d'un vaste coup de filet contre un réseau d'espionnage présumé au profit de la Russie ont comparu lundi à New York devant un juge fédéral qui a ordonné leur maintien en détention provisoire.

Le juge James Cott n'a pas encore inculpé formellement Cynthia et Richard Murphy, Juan Lazaro, Vicky Pelaez et Anna Chapman, mais a refusé de les remettre en liberté, arguant du «risque de fuite» des prévenus.

Dix personnes au total ont été arrêtées dans cette affaire et une reste en fuite, avait annoncé plus tôt le ministère américain de la Justice dans un communiqué. Poursuivis pour espionnage et, pour neuf d'entre eux, pour blanchiment d'argent, ils risquent jusqu'à 25 ans de prison, cinq ans pour la plupart, selon un avocat.

Les suspects disent être Américains, Canadiens ou Péruviens, selon les deux plaintes déposées contre eux et qui ne précisent pas leur nationalité réelle.

Une jeune femme présentée au parquet à New York lundi, Anna Chapman, est une citoyenne russe de 28 ans qui s'était installée aux Etats-Unis depuis peu, avait monté une affaire, et détenait un visa de travail qui lui a été retiré samedi dernier, a indiqué aux journalistes à l'issue de l'audience son avocat, Robert M. Baum.

Pendant l'audience, Robert Baum s'est souvent et longuement entretenu avec Anna Chapman, une jeune femme rousse aux cheveux longs, vêtue d'un jean et d'un T-shirt blanc, tremblant de froid dans la salle climatisée à l'extrême.

L'avocat a longuement plaidé sa remise en liberté sous caution, mais le juge a estimé qu'à la lecture de la plainte du FBI (police fédérale), «elle pouvait difficilement être totalement innocente» et a refusé la demande de la défense.

Le document de 37 pages du FBI ne permet pas de comprendre l'importance des informations recueillies, apparemment depuis près de 30 ans, par ce réseau.

Messages codés, argent remis en espèces par des émissaires russes au cours de séjours dans des pays d'Amérique Latine, allers-retours pour Moscou via Rome, faux passeports, transport et remise d'ordinateurs portables: si tous les éléments du roman d'espionnage sont réunis, le niveau de l'alerte n'apparait pas clairement.

A la lecture de la plainte concernant quelques uns des «espions» présumés, la «mission» qui leur était confiée et qui consistait à infiltrer des cercles proches du gouvernement américain n'était pas vraiment à leur portée.

«Le Centre de Moscou a demandé à Cynthia Murphy en 2010 d'essayer d'obtenir un emploi qui lui permette de contacter des sources au sein du gouvernement américain (...) mais le groupe des "comploteurs du New Jersey" avait répondu que Murphy craignait qu'on ne lui demande trop de détails sur son parcours professionnel», indique notamment la plainte du FBI.

Le représentant du Ministère public a précisé que le parquet allait informer le gouvernement russe de la situation.

Le juge a fixé une prochaine audience à jeudi, pour entendre les demandes de remise en liberté sous caution des autres prévenus, et une audience préliminaire a été annoncée pour le 27 juillet.