Stanley McChrystal est actuellement l'homme par qui le scandale arrive à Washington. Le chef des forces internationales en Afghanistan a tenu des propos hautement controversés au sujet de plusieurs membres de l'administration du président américain. Propos rapportés dans un article sulfureux du magazine Rolling Stone. Convoqué à la Maison-Blanche par un Barack Obama «en colère», il devra aujourd'hui s'expliquer et pourrait bien être limogé.

«Stanley McChrystal, commandant en chef d'Obama en Afghanistan, a pris les rênes de la guerre sans jamais perdre de vue ses vrais ennemis: les mauviettes de la Maison-Blanche.»

 

L'exergue de l'article du magazine Rolling Stone par lequel le scandale est arrivé ne reflète peut-être pas la pensée exacte du chef des forces internationales en Afghanistan, mais son message a sans doute contribué à faire bondir Barack Obama, qui a convoqué le militaire à la Maison-Blanche à 15h aujourd'hui.

Le général McChrystal, dont la lettre de démission serait déjà prête, devra s'expliquer sur les propos condescendants que ses adjoints et lui ont tenus sur des membres de l'administration américaine dans un article intitulé «Le général en fuite». Selon son porte-parole, le président «n'exclut pas de limoger» le militaire de haut rang.

«Toutes les options sont sur la table», a déclaré Robert Gibbs.

Et comment Barack Obama a-t-il réagi, lundi soir, à la lecture du portrait du général McChrystal dans le bimensuel, qui revient sur les divisions entre l'armée et la Maison-Blanche à propos de la guerre en Afghanistan, et ce, à un moment où la stratégie américaine semble connaître de sérieux ratés?

«Il s'est mis en colère», a répondu le porte-parole de la Maison-Blanche.

Obama indigné

Dans son premier commentaire sur cette affaire, le président Obama a affirmé que l'article du Rolling Stone témoignait d'un «piètre jugement» de la part du général McChrystal et de son équipe. Il aurait été particulièrement indigné par les déclarations d'un conseiller anonyme selon lesquelles il n'était pas préparé ou intéressé lors de sa première rencontre avec le militaire.

«C'était une rencontre de 10 minutes pour la photo, a déclaré ce conseiller au journaliste pigiste Michael Hastings. Obama ne savait rien de lui, de qui il était. Il n'avait pas l'air concerné. Le patron a été plutôt déçu.»

Dans l'article, le général McChrystal se moque lui-même du vice-président Joe Biden, qui a exprimé son scepticisme face à sa stratégie militaire en Afghanistan. «Vous allez m'interroger sur Joe Biden? demande-t-il au journaliste. Qui est-ce?»

Le militaire avoue également à Hastings s'être senti «trahi» par l'ambassadeur des États-Unis à Kaboul, le général à la retraite Karl Eikenberry, auteur d'une note de service qui a fait l'objet d'une fuite et qui mettait en cause sa demande de renforts.

«Voilà quelqu'un qui veut couvrir ses arrières pour les livres d'histoire, a dit le général McChrystal. Comme cela, si nous échouons, il pourra dire: «Je vous l'avais dit.»»

Michael Hastings a joui d'un accès étonnant au général et aux membres de son entourage. Il a déclaré sur la chaîne NBC avoir recueilli la plupart des propos controversés de son article lors d'un voyage en autocar de Paris à Berlin au cours duquel le général et ses adjoints ont consommé de l'alcool en abondance. Un conseiller anonyme de McChrystal a notamment qualifié le conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, le général James Jones, de «clown resté figé en 1985». Un autre a comparé l'envoyé spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, à un «animal blessé» dont il faut se méfier.

Erreur considérable

Le général McChrystal avait dû prendre l'autocar avec son entourage en raison des cendres volcaniques islandaises. Il a présenté ses «plus sincères excuses» hier matin après la diffusion des extraits de l'article de Rolling Stone.

«C'était une erreur démontrant un piètre jugement et cela n'aurait jamais dû se produire», a-t-il dit.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a parlé de son côté d'une «erreur considérable», sans se prononcer sur le maintien du général à son poste.

Plusieurs parlementaires américains ont adopté une attitude attentiste face à cette affaire, le sénateur démocrate John Kerry appelant notamment au «sang-froid et au calme». Le général McChrystal a reçu un seul appui notable, celui du président afghan Hamid Karzaï.

«Le président soutient le général McChrystal ainsi que sa stratégie en Afghanistan et pense qu'il est le meilleur commandant que les États-Unis aient envoyé en Afghanistan au cours des neuf dernières années», a déclaré un porte-parole de la présidence afghane.