Les électeurs de la Pennsylvanie et du Kentucky ont fourni mardi une autre illustration du mécontentement des Américains à l'égard de Washington et des élites politiques, poussant à la retraite un pilier du Sénat des États-Unis et couronnant une coqueluche du Tea Party, ce mouvement de contestation en passe de transformer le Parti républicain.

Les électeurs de l'Arkansas se sont également rendus aux urnespour participer à des primaires susceptibles de donner un avant-goût des élections de mi-mandat, qui renouvelleront, le 2 novembre prochain, un tiers des sièges du Sénat et l'ensemble de la Chambre des représentants.

En Pennsylvanie, le sénateur Arlen Specter, en quête d'un sixième mandat, s'est incliné devant le représentant Joseph Sestak lors de la primaire démocrate pour l'élection sénatoriale de cet État. L'ancien républicain, qui a changé de camp l'an dernier, jouissait pourtant de l'appui de Barack Obama et de l'establishment démocrate.

Sestak, qui a pris une avance insurmontable de 40 000 voix après le dépouillement de 70% des bulletins de vote, affrontera le républicain Pat Toomey à l'automne.

Au Kentucky, un néophyte de la politique, Rand Paul, a écrasé le candidat de l'establishment républicain, Trey Grayson, lors de la primaire du Grand Old Party pour l'élection sénatoriale de cet État. Il s'agit d'une des plus importantes victoires du mouvement Tea Party, dont Paul, un ophtalmologiste, a épousé la plupart des idées.

Fils du représentant texan Ron Paul, Rand Paul préconise l'élimination du ministère de l'Éducation et des subventions agricoles, entre autres. Il promet en outre de se battre à Washington pour hausser l'âge de la retraite et limiter à deux le nombre de mandats que peuvent servir les sénateurs. Il a récolté 59% des voix contre 35% pour son principal adversaire. À l'automne, il fera face au démocrate Jack Conway.

En Arkansas, la sénatrice sortante Blanche Lincoln devra peut-être affronter le lieutenant-gouverneur Bill Halter au cours d'un deuxième tour. Au moment de mettre sous presse, elle n'avait pas encore remporté les 50% de suffrages nécessaires pour éviter un tel sort dans la primaire démocrate pour l'élection sénatoriale de son État.

Obama en Ohio

Pendant que les électeurs se rendaient aux urnes dans trois États, Barack Obama s'est arrêté à Youngstown, dans l'Ohio, pour défendre son bilan économique, thème qui pourrait avoir un impact décisif sur les élections de mi-mandat. Tout en critiquant l'obstructionnisme de ses adversaires républicains, il a rappelé qu'il avait dû prendre des mesures «impopulaires» pour éviter que les États-Unis s'enlisent dans une crise encore plus grave.

Si les sceptiques avaient eu le dernier mot, «nous souffririons encore plus», a déclaré le président lors d'un discours dans une aciérie qui va pouvoir s'agrandir et embaucher du personnel en partie grâce au plan de relance économique de l'administration démocrate.

«Les progrès constants que nous commençons à voir n'existeraient pas, pas plus que l'usine que vous êtes sur le point de bâtir», a-t-il ajouté.

Conservateurs et enthousiastes

Le rendez-vous électoral de mardi a coïncidé avec la publication d'un sondage de la maison Gallup dont les résultats sont de nature à inquiéter les démocrates. L'étude, réalisée au cours des deux premières semaines de mai, démontre que les électeurs se définissant comme des conservateurs sont beaucoup plus enthousiastes à l'approche des élections de mi-mandat que les progressistes.

En fait, pas moins de 45% des électeurs conservateurs se disent «très enthousiastes» à l'idée d'aller aux urnes en novembre prochain, contre seulement 22% de progressistes qui partagent le même sentiment. Cet enthousiasme pourrait avoir un impact important sur les taux de participation des électeurs des deux partis.