Les présidents Barack Obama et Hamid Karzaï ont multiplié les démonstrations d'unité et de bonne volonté mercredi à Washington, cherchant à dépasser une période difficile dans les relations entre les États-Unis et l'Afghanistan.

«En ce qui concerne les tensions perçues entre le gouvernement américain et le gouvernement afghan, laissez-moi vous dire d'emblée qu'une grande partie d'entre elles ont été exagérées», a affirmé M. Obama lors d'une conférence de presse commune avec M. Karzaï, au terme d'une heure d'entretien dans le Bureau ovale de la Maison Blanche.

M. Karzaï a assuré que les relations entre les deux pays, malgré des hauts et des bas, étaient «plus solides que jamais» et exprimé sa gratitude pour les «sacrifices» américains en Afghanistan, en évoquant avec émotion sa visite à des GI's blessés dans un hôpital militaire de Washington.

De son côté, M. Obama a salué le «partenariat stratégique qui s'approfondit» avec Kaboul et indiqué que lui et M. Karzaï avaient «réaffirmé leur objectif commun» de lutter contre Al-Qaeda, en Afghanistan et au Pakistan, «pour éviter qu'il puisse menacer les États-Unis ou nos alliés à l'avenir».

Les deux dirigeants n'ont pas pour autant éludé les sujets qui ont provoqué de forts remous dans leurs relations ces derniers mois, en particulier quand M. Karzaï, en réponse à des critiques sur sa façon de gouverner, avait accusé les Occidentaux d'avoir orchestré des fraudes électorales lors de la présidentielle qui l'a reconduit au pouvoir fin 2009.

M. Obama a reconnu que des progrès avaient été effectués contre la corruption en Afghanistan, mais souligné que lui et M. Karzaï savent «qu'il faut faire plus» en la matière. Ce à quoi le président afghan a répondu en s'engageant à dépenser l'aide financière américaine avec une «extrême prudence».

Au Congrès, où il rencontrait des sénateurs, M. Karzaï a ensuite jugé que la lutte contre la corruption allait prendre «quelques années encore», tout en appelant à la patience et en soulignant que son «pays change de jour en jour».

Sur un autre sujet sensible, M. Obama a dit endosser la responsabilité des morts de civils lors d'opérations militaires, affirmant «ne pas prendre cela à la légère».

«Nous voulons réduire le nombre de victimes civiles, pas seulement parce que cela pose problème au président Karzaï» mais «parce que je ne veux pas que des civils soient tués», a-t-il insisté.

Barack Obama a annoncé en décembre l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan, espérant ainsi reprendre l'initiative face aux talibans et rapatrier les troupes américaines à partir de l'été 2011. Dans cette optique, les forces de l'OTAN préparent actuellement une offensive militaire à Kandahar (sud), fief des rebelles talibans.

Mais Kaboul souhaite négocier un accord de sécurité avec les États-Unis qui garantirait leur engagement dans le pays à plus long terme, a révélé mercredi un haut responsable militaire américain, en soulignant sous couvert de l'anonymat que la visite de quatre jours de M. Karzaï à Washington avait été en particulier consacrée au futur rôle des États-Unis en Afghanistan.

La délégation afghane a cité en exemple le contrat en vigueur entre Washington et l'Irak mais aussi les accords liant les États-Unis à des partenaires comme le Japon, l'Australie, Israël ou encore le Pakistan, considérés comme des «alliés majeurs hors OTAN» et ayant à ce titre droit à certains traitements de faveur.