La chasse au suspect est lancée aux États-Unis, après l'attentat raté samedi soir au Times Square de New York. Pour l'instant, les indices sont minces : un homme suspect aperçu sur une caméra de surveillance, un appel anonyme logé à 4 h am au 911, quelques empreintes et une vidéo sur YouTube.

Les autorités n'écartent pas la thèse d'une attaque terroriste, même s'il pourrait aussi s'agir d'un individu agissant seul.

«Nous ferons ce qui est nécessaire pour protéger le peuple américain, pour trouver qui se cache derrière ce projet qui était potentiellement meurtrier, et pour faire en sorte que justice soit faite», a déclaré le président Barack Obama hier en point de presse.

Vers 18 h samedi soir, un individu a essayé de faire exploser une Nissan Pathfinder verte, à l'intersection de Broadway et la 45e rue. La voiture renfermait trois contenants de propane, deux bidons d'essence, des feux d'artifice M-88, des fils électriques et deux réveils-matin devant servir de détonateurs. La bombe artisanale a détonné, mais elle n'a pas explosé. La fumée qui s'en dégageait a attiré l'attention de Duane Jackson, 58 ans, vendeur ambulant de sacs et vétéran du Vietnam. Dès qu'il a vu le véhicule fumant avec les clés encore dans le contact, il a alerté la police. On ne peut pas confirmer si l'attaque a été perpétrée par un individu agissant seul ou par un groupe terroriste organisé, local ou étranger.

Des empreintes digitales ont été trouvées sur le véhicule. La plaque d'immatriculation du Connecticut ne correspond pas au Pathfinder. Parmi la multitude d'images captées par des caméras publiques, un homme intéresse particulièrement les autorités. Il s'agit d'un Blanc d'une quarantaine d'année capté sur les lieux peu avant l'incident. On le voit enlever sa chemise, sous laquelle il porte une autre chemise d'une différente couleur, rouge.

Dimanche à 4 h am, un appel anonyme a été logé au 911 à partir d'un téléphone public de la 53e rue. Un homme prévient que l'explosion de la voiture n'était qu'une « diversion » pour une plus grande attaque à venir.

Le gouvernement reste prudent. Il traite l'attentat raté comme «une possible attaque terroriste», a indiqué hier à CNN Janet Napolitano, Secrétaire du département américain de la Sécurité intérieure.

Dimanche après-midi, SITE, un centre américain de surveillance des groupes islamistes, a relevé une vidéo d'une minute sur YouTube, dans laquelle un groupe Taliban pakistanais, le Tehrik-e-Taliban, revendiquerait l'attentat raté. Ses auteurs disent que l'attentat était une riposte à l'assassinat de leur chef, Hakimullah Mehsud, et de deux hauts dirigeants d'Al-Qaeda en Irak, Abou Omar al-Bagdadi et Abou Ayyoub al-Masri.

En conférence de presse plus tard dans la journée, le chef de la police de New York, Raymond Kelly, a répondu que rien ne permettait pour l'instant de prouver cette thèse.

«Ça m'étonnerait énormément que (le Tehrik-e-Taliban) soit responsable, soutient quant à lui Julian Schofield, politologue à l'Université Concordia et spécialiste de la région. C'est un groupe qui se bat avant tout pour des questions territoriales au Pakistan. Ils n'ont jamais commis un seul attentat à l'extérieur de leur frontière.»

Ancien capitaine pour le 3e Régiment de génie de l'armée canadienne, le professeur Schofield souligne le côté «très amateur» de la bombe. « Ce n'était même pas une bombe à fragmentation. L'explosion n'aurait pas été latérale, et le véhicule aurait flambé avant ». «Ma première impression, c'est qu'il s'agit d'un acte commis par un individu isolé, ajoute-t-il. Peut être un chauffeur de taxi mal intégré, comme en Angleterre.»



Montée du terrorisme domestique


Le politologue Sami Aoun indique qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur la piste terroriste, qu'elle soit islamiste ou d'extrême-droite américaine. «Mais on peut dire que depuis qu'Obama est président, le terrorisme domestique augmente aux États-Unis. Le président ne refuse pas le dialogue, même avec les Talibans. Cela embarrasse Al-Qaeda, qui veut peut être répondre», croit le professeur à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke.

Il rappelle qu'un haut-gradé du groupe terroriste a appelé les citoyens à prendre eux-mêmes les armes. «À cause de l'amateurisme (de certains terroristes) ou de la vigilance des citoyens, il y a eu quelques attentats ratés dans les derniers mois. Mais ce type d'attaques fait quand même très peur, car elles sont difficiles à détecter.»