Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient commencé à se rassembler samedi à Los Angeles pour défiler massivement contre la loi migratoire très répressive adoptée récemment par l'Arizona, qui suscite une levée de boucliers des organisations de défense des droits civiques.

Les organisateurs attendaient des centaines de milliers de participants aux manifestations organisées dans l'ensemble du pays pour s'opposer à la loi controversée et demander une vaste réforme de l'immigration au niveau national.

Des manifestations étaient prévues dans quelque 70 villes. À Los Angeles, les pompiers ont estimé le défilé à environ 60 000 personnes samedi à la mi-journée, et des vedettes comme la chanteuse hispanique Gloria Estefan s'exprimaient au micro.

Pour un des organisateurs, Nativo Lopez, président de la Mexican American Political Association, la loi d'Arizona «donne toutes les raisons aux travailleurs, aux immigrés, aux femmes, aux jeunes, aux syndicalistes et à leurs sympathisants de manifester».

Le centre de Los Angeles devait être le théâtre d'un défilé de plus de 100 000 personnes. En 2006, une manifestation similaire avait réuni environ un million de personnes.

Les organisateurs comme la police de Los Angeles ont assuré que la manifestation se déroulerait dans le calme sans les débordements intervenus lors d'un défilé du 1er mai en 2007.

«Je pense que c'est précisément ce que l'opposition veut: une réaction négative mais ce n'est pas ce que nous allons faire. Quand vous répondez négativement vous avez des résultats négatifs», a affirmé sur la chaîne de télévision ABC, Yazmin Duarte qui compte manifester.

«Nous avons l'intention que cela se passe de façon pacifique et avec espoir», a-t-il ajouté.

Les protestataires étaient encouragés à brandir des drapeaux nationaux à la bannière étoilée plutôt que des drapeaux de leurs pays d'origine afin d'apparaître comme de loyaux patriotes.

«Je suis ici depuis l'âge de trois ans», affirmait Jose Luis, un adolescent de Los Angeles, les épaules couvertes d'un drapeau. Bien qu'il ait brandi un drapeau mexicain dans le passé, il estime maintenant qu'il s'agit «de soutenir ce pays».

«Obama, entends-nous», «Nous combattrons jusqu'à la mort», pouvait-on lire sur des pancartes promenées sur une camionnette.

La loi d'Arizona criminalise le fait d'être sans papiers et exige que la police détermine si les citoyens sont présents dans le pays de façon légale.

Les défenseurs des droits de l'homme affirment que la loi conduit à appliquer le «délit de faciès» mais les autorités insistent sur le fait que le texte interdit expressément aux officiers de police d'arrêter des personnes en raison de leur appartenance raciale.

La gouverneur d'Arizona, Jan Brewer, a indiqué que la loi, populaire dans les sondages nationaux, était nécessaire pour rendre étanche la frontière de l' État avec le Mexique, principal point d'entrée des immigrés sans-papiers.

Mme Brewer a promulgué vendredi quelques amendements au texte original -les contrôles ne pourront être effectués qu'en cas de délit présumé et non selon le bon vouloir de la police- mais les associations les jugent encore insuffisants. Plusieurs d'entre elles ont prévu de contester la loi devant les tribunaux.

Les consulats à Los Angeles de nombreux pays latino-américains (Mexique, Bolivie, Brésil, Costa Rica, Équateur, Salvador, République dominicaine, Pérou et Guatemala) ont assuré leurs ressortissants d'Arizona de leur soutien, et leur ont demandé de manifester samedi «dans le respect des lois américaines».