Rencontres avec l'Amérique profonde, discours teintés de populisme, coups de griffe aux adversaires, le tout sur un rythme effréné: en visite dans le Midwest rural, le président Barack Obama mène une campagne électorale qui ne dit pas son nom.

Pendant deux jours, mardi et mercredi, le président aura visité trois États: Illinois, Iowa et Missouri, dans le cadre de sa tournée semi-permanente baptisée «White House to Main Street», c'est à dire «La Maison-Blanche dans l'Amérique moyenne», qui faisait escale en soirée à Des Moines, la capitale de l'Iowa (centre).

Parti en milieu de matinée de Washington, M. Obama a pris mardi une fois l'avion, deux fois l'hélicoptère et parcouru quelque 170 km en convoi officiel, réussissant à visiter en moins de huit heures une usine d'éoliennes, une ferme biologique, un établissement de formation et un restaurant.

«Vous m'avez manqué, les gars!» s'est exclamé le président, face à quelque 2 100 personnes rassemblées mardi dans la salle de basket d'un lycée d'Ottumwa (Iowa). «C'est sympa de revenir au milieu des Américains», a ajouté M. Obama, qui s'était auparavant plaint de la «bulle» dans laquelle il vit à Washington.

L'Iowa possède une place particulière dans la politique américaine: c'est le premier État à organiser une consultation lors du processus des primaires pour la présidentielle, tous les quatre ans. Début 2008, ses électeurs démocrates avaient donné un élan salvateur à la campagne de Barack Obama.

«S'il n'y avait pas eu l'Iowa, je n'aurais pas été président», a assuré M. Obama, en expliquant que «ces visites viennent rappeler (...) qu'il y a beaucoup à apprendre de l'Amérique rurale», qualifié de «pouls» du pays.

Mais l'Iowa aux granges en bois colorées, aux silos en aluminium ou aux champs de cultures extensives n'était pas à l'ordre du jour mardi: dans une région en déclin économique et démographique, la Maison-Blanche a préféré insister sur des symboles de transformation.

C'est le cas de l'usine Siemens Energy de Fort Madison, où 600 emplois ont été créés en trois ans pour fabriquer des turbines d'éoliennes, et qui a reçu pour 3,5 millions de dollars d'exemptions d'impôts grâce au plan de relance gouvernemental, exemple de «l'économie des énergies propres qui génère des emplois de qualité ici même», selon les mots de M. Obama.

La proximité que le président recherche avec les Américains - il ne manque jamais de rappeler qu'il lit chaque soir dix lettres envoyées par ses compatriotes - lui permet aussi de décocher des flèches à ses adversaires républicains, qui bloquent au Sénat le début des débats sur la réforme de la régulation financière.

«Aujourd'hui, pour la deuxième fois en 24 heures, les républicains du Sénat ont bloqué à l'unanimité la tentative de commencer à débattre de la réforme», s'est indigné le président, affirmant que «les Américains méritent un débat honnête» sur ce projet de loi.

À six mois de cruciales élections législatives, il a soigné son image d'homme du peuple en rappelant qu'il avait déjà été sans emploi, et en allant manger un morceau de tarte à la rhubarbe lors d'un arrêt impromptu dans un restaurant, sacrifiant aussi à deux reprises à de longs bains de foule.

Le porte-parole adjoint de la Maison-Blanche, Bill Burton, a remarqué que l'Iowa, mardi, était «juste un morceau d'Amérique avec lequel le Président va interagir, pour écouter les inquiétudes, et parler de ce qu'il fait».

Interrogé sur les grandes similarités avec la campagne présidentielle de 2007-2008, M. Burton s'est exclamé, mi-figue, mi-raisin: «Mon Dieu, j'espère que ce n'est pas le début de la campagne de 2012!»