Les États-Unis ont adressé mardi un avertissement voilé au président afghan Hamid Karzaï, laissant entendre que sa visite à la Maison-Blanche pourrait être annulée s'il poursuivait ses diatribes visant les étrangers.

Une rencontre est prévue entre M. Karzaï et Barack Obama le 12 mai, dans le cadre d'une visite décidée à la suite de la visite surprise du président américain en Afghanistan le mois dernier.

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Le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a répété à plusieurs reprises que la rencontre était toujours prévue «pour l'instant». Mais il est allé plus loin mardi, à la suite des dernières remarques controversées du président afghan.

«Nous allons bien sûr voir si le président continue de faire des remarques ou en fait de nouvelles pour voir si cette rencontre est constructive», a dit M. Gibbs.

Interrogé pour savoir si le président afghan était toujours considéré comme un allié par Washington, M. Gibbs a répondu qu'il était «le dirigeant démocratiquement élu de l'Afghanistan».

«Parfois, ses actions sont constructives en matière de gouvernance. Je dirais que les remarques qu'il a faites... n'importe qui dans ce pays ne peut les considérer autrement que comme dérangeantes», a-t-il dit.

Le président afghan a affirmé la semaine dernière que les étrangers avaient participé aux fraudes électorales de l'an dernier.

Selon le Wall Street Journal de dimanche, M. Karzaï a aussi averti, lors d'une réunion privée avec quelque 70 parlementaires afghans samedi, que l'insurrection des talibans pourrait devenir un mouvement de résistance légitime si les Etats-Unis continuaient de se mêler de politique intérieure afghane.

Le porte-parole du département d'Etat a de son côté jugé mardi «scandaleux» les propos de l'ex-n°2 de l'ONU en Afghanistan, qui avait suggéré que M. Karzaï pouvait être toxicomane.

«Ses commentaires sont scandaleux», a déclaré Philip Crowley à l'AFP.

L'Américain Peter Galbraith, ancien représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan, a mis en doute mardi «l'équilibre mental» de M. Karzaï, dans un entretien avec la chaîne de télévision américaine MSNBC.

«Il est coutumier des diatribes, il peut être très émotif, impulsif. En fait, des personnes proches du palais présidentiel disent qu'il a un certain goût pour l'un des produits d'exportation les plus rentables de l'Afghanistan», a-t-il affirmé dans une allusion claire à la production afghane d'opium.