Les démocrates du Congrès américain, forts de chiffres rassurants sur le coût de la réforme de la santé, ont lancé jeudi le compte à rebours vers un vote final dimanche, alors que le président Obama a reporté sa tournée asiatique pour être à Washington lors de cet aboutissement.

Les chiffres du bureau du Budget du Congrès américain (CBO), une entité indépendante chargée de réaliser des analyses budgétaires pour le Congrès, sont tombés jeudi matin, offrant une bonne nouvelle aux chefs démocrates.

La dernière version du plan de réforme de l'assurance maladie, qui doit fournir une couverture maladie à au moins 31 millions d'Américains qui n'en ont pas, devrait réduire le déficit américain de 138 milliards de dollars sur 10 ans (2010-2019), selon le CBO.

Mettant en exergue ces estimations, le président Barack Obama a assuré jeudi que «cela fait de cette loi l'effort le plus important pour réduire le déficit depuis (...) les années 1990».

Au total, le plan coûterait 940 milliards sur 10 ans, selon le CBO, contre 875 milliards pour le projet de loi du Sénat seul.

Beaucoup de démocrates, qui n'aiment pas le texte du Sénat, attendaient la publication des chiffres du CBO pour dire s'ils allaient ou non approuver dimanche le projet de loi voté à la chambre haute le 24 décembre.

Le président Obama a engrangé plusieurs soutiens importants à la Chambre, notamment celui d'un adversaire de gauche, le représentant démocrate progressiste Dennis Kucinich mercredi. D'autres élus ont franchi le pas jeudi.

«Chaque vote est un poids lourd à soulever», a reconnu jeudi la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Les républicains des deux chambres, qui dénoncent le coût élevé de la réforme, se sont rassemblés à la Chambre des représentants jeudi pour une réunion à huis clos visant à élaborer une stratégie d'opposition.

Mais cela n'a pas empêché les démocrates de la Chambre de publier jeudi sur internet l'ensemble de «corrections» qu'ils entendent ajouter au texte du Sénat, afin de rendre le plan plus conforme à leurs exigences.

Après un délai de 72 heures, c'est-à-dire à partir de dimanche à 14h00, les représentants pourront se prononcer pour envoyer au président Obama le texte du Sénat pour promulgation .

Pour être adopté, le texte doit rassembler 216 voix sur 435 à la Chambre basse.

Après la promulgation, le Sénat devra encore approuver les «corrections». «Afin de pouvoir rester à Washington pour ce vote très important», M. Obama a décidé de reporter au mois de juin le voyage qu'il devait effectuer en Asie la semaine prochaine, a indiqué son porte-parole Robert Gibbs. Déjà retardé de trois jours pour la même raison, le départ de l'avion présidentiel était prévu dimanche.

Si M. Obama «regrette ce report», «l'adoption de la réforme de l'assurance maladie est d'une importance capitale et le président est décidé à voir la fin de cette bataille», a ajouté M. Gibbs.

Parallèlement, une autre controverse s'est développée ces derniers jours sur la façon dont la Chambre pourrait adopter le projet de loi du Sénat, c'est-à-dire sans voter formellement sur le texte.

Les élus pourraient voter sur la règle qui permettra l'examen à la chambre de l'ensemble de «corrections». Dans cette règle, une disposition stipulerait que le projet de loi du Sénat est «considéré comme adopté» à la chambre basse.b