Barack Obama entamait lundi dans l'Ohio une semaine décisive pour sa réforme du système de santé. Le président américain a repoussé de quelques jours sa visite en Indonésie et en Australie afin de convaincre les démocrates réticents de valider son projet, dont l'avenir devrait se jouer dans les jours à venir.

Déterminé à boucler le chantier de la réforme de la santé, sa priorité No1 sur le plan intérieur, M. Obama effectuait lundi un déplacement à Strongsville, dans l'Ohio (nord-est), dans le but d'accentuer la pression sur les démocrates au Congrès.

Il devait rendre visite à Natoma Canfield, une malade du cancer qui avait expliqué dans une lettre au président avoir renoncé à son assurance-maladie en raison de son coût: 8 500 dollars par an. Une somme trop importante pour cette habitante de la banlieue de Cleveland, agent d'entretien de profession.

Barack Obama, qui a cité à plusieurs reprises cette lettre pour illustrer l'urgence d'une large révision du système de santé, devait à l'occasion de cette visite prononcer un ultime plaidoyer pour sa réforme, dont l'adoption au Congrès est loin d'être assurée.

Le projet vise à fournir une couverture maladie à 31 millions d'Américains qui en sont dépourvus, et interdirait aux compagnies d'assurance de refuser de couvrir des personnes souffrant de maladies pré-existantes. Il instaure le principe d'une assurance santé obligatoire pour la plupart des Américains, et prévoit des aides pour permettre aux pauvres et aux classes moyennes d'y accéder.

Les républicains restent farouchement opposés à la réforme. Leur chef de file à la Chambre des représentants, John Boehner, a promis qu'ils feront «tout (leur) possible pour rendre difficile, voire impossible l'adoption du projet de loi». Les républicains espèrent rallier des démocrates dont la réélection lors du scrutin de mi-mandat en novembre s'annonce compliquée.

Le haut conseiller politique de Barack Obama, David Axelrod, a dénoncé dimanche l'attitude de l'opposition ainsi que les représentants du lobby des assurances, qui ont, selon lui, déferlé sur le Capitole «comme des sauterelles». Mais il s'est dit ôôabsolument confiant» dans l'adoption de la réforme. «Je pense qu'il y a un sentiment d'urgence de la part des membres du Congrès», a-t-il affirmé.

Plus mesuré, le représentant démocrate James Clyburn, chargé de recenser les élus démocrates en faveur du texte, a précisé dimanche que le nombre de voix nécessaires à l'adoption de la réforme n'était pas encore atteint. «Mais nous avons travaillé sur le sujet tout le week-end», a-t-il souligné. M. Clyburn, élu de Caroline du Sud et No3 démocrate à la Chambre des représentants, s'est toutefois dit confiant dans les chances de voir le projet adopté.

«Nous aurons cette semaine ce vote important», a également souligné le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs. «Je pense que c'est la semaine culminante pour la réforme de la santé.»

Dans l'Ohio, M. Obama devait prononcer un ultime plaidoyer pour sa réforme. Il semble prêt à infléchir sa position et à accepter des amendements impopulaires édulcorant la réforme, dans l'espoir de trouver une majorité démocrate.

Pour obtenir une majorité, il pourrait renoncer à demander aux sénateurs de retirer du projet des concessions spéciales faites à certains élus. M. Axelrod a précisé que la Maison Blanche était uniquement opposée aux accords spécifiques ne concernant qu'un seul Etat, comme un financement accru du Medicaid (programme public de couverture médicale pour les pauvres) dans le Nebraska. En revanche, les dispositions concernant plus d'un Etat sont acceptables, a-t-il ajouté.