Le nombre de groupuscules extrémistes ou paramilitaires d'extrême droite a plus que triplé l'an dernier aux États-Unis, une flambée alimentée par l'élection du premier président noir de l'histoire du pays et par la crise économique, selon l'étude annuelle d'une association.

Le Southern Poverty Law Center, qui surveille ces mouvements, a dénombré l'an dernier 512 groupuscules actifs, contre 149 en 2008. Sur ce total, 127 étaient de véritables milices paramilitaires, contre 42 un an plus tôt. Le nombre de groupes d'autodéfense anti-immigrés («nativistes») est passé de 173 à 309.

«Nous avons constaté une explosion du nombre de milices et du mouvement patriote antigouvernemental en général», a expliqué Mark Potok, qui dirige le Southern Poverty Law Center.

«Il s'agit d'un mouvement qui voit dans l'État l'ennemi public numéro un et qui se laisse entièrement dévorer par tout un tas de théories sur des complots présumés», a ajouté M. Potok. «Pour eux, l'État fait partie d'une conspiration malfaisante qui a décidé d'éliminer les Américains».

La mouvance d'extrême droite a fait couler beaucoup d'encre depuis l'attentat contre un bâtiment administratif fédéral d'Oklahoma City (sud) qui a fait 168 morts en 1995. L'influence du mouvement a cependant paru refluer lorsque sa théorie de la fin du monde au 1er janvier 2000 ne s'est pas matérialisée.

D'après M. Potok, la remontée en flèche du nombre de groupes extrémistes et racistes l'an dernier s'explique par l'élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis mais aussi par la crise financière, qui s'est traduite par une explosion de l'endettement du pays et du chômage.

Certains projets présidentiels, particulièrement la réforme de l'assurance maladie, sont souvent qualifiée par ces groupes de «fascistes» ou de «socialistes», une insulte dans le contexte américain.

«La récession et le chômage ont meurtri beaucoup de gens et les ont mis en colère. Ils cherchent à trouver une raison», a observé M. Potok.