Le rôle de l'armée est trop important dans la politique étrangère américaine, et Washington devrait insister plus sur la diplomatie et l'exercice du «soft power», le pouvoir d'influence, a estimé mercredi le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen.

L'armée joue un rôle vital dans la puissance américaine, mais «ne devrait jamais en être le seul instrument», a déclaré l'amiral Mullen, chef d'état-major interarmées, au cours d'un discours prononcé devant l'université d'État du Kansas.

«La politique étrangère américaine reste trop dominée par les militaires, trop dépendante des généraux et des amiraux qui sont à la tête de nos commandements à l'étranger, et pas suffisamment du département d'État», a dit l'amiral Mullen.

«C'est une chose d'être capable et volontaire pour faire face en cas d'urgence, c'en est une autre de devoir toujours être le chef des pompiers», a-t-il ajouté, disant soutenir les appels du président Barack Obama en faveur d'un rééquilibrage des rôles respectifs de l'armée, de la diplomatie, du renseignement et des agences civiles américaines en matière de politique étrangère.

Mais «ma crainte, très franchement, est que nous n'avancions pas assez vite dans ce sens», a-t-il insisté.

En cas de guerres futures semblables aux conflits en Afghanistan et en Irak, l'engagement des troupes devrait s'accompagner d'un effort civil équivalent, a-t-il plaidé.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, et la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, «ont appelé à ce que l'accent soit mis davantage sur notre «soft power» et à ce qu'il soit mieux financé, je ne peux mieux leur donner raison», a déclaré l'amiral Mullen, avertissant que si Washington s'appuie uniquement sur ses soldats pour exercer son influence, «il faut s'attendre à ce que cette influence s'amenuise au fil du temps».