Barack Obama a annoncé mardi des mesures pour lancer la construction des premiers réacteurs nucléaires américains depuis près de 30 ans, technologie dont le président escompte une réduction de la dépendance énergétique du pays et de ses émissions polluantes.

«Nous annonçons environ 8 milliards de dollars en garanties de prêts pour entamer la construction de la première centrale nucléaire dans notre pays depuis près de 30 ans», a déclaré M. Obama à Lanham (Maryland), banlieue de Washington où il visitait un centre de formation aux métiers de l'énergie.

«Il nous faut construire une nouvelle génération de centrales nucléaires sûres et propres aux Etats-Unis», a lancé le président, qui s'est fait l'avocat d'une transition vers une économie alimentée par une énergie sans émissions de carbone.

Remarquant que «le Japon et la France ont depuis longtemps fortement investi dans ce secteur» et qu'«il existe 56 réacteurs en construction dans le monde» dont 21 en Chine, M. Obama a prévenu que «que ce soit dans l'énergie nucléaire, solaire ou éolienne, si nous n'investissons pas dans ces technologies aujourd'hui, nous les importerons demain».

La somme annoncée par M. Obama va permettre d'entamer la construction en Géorgie (sud-est) d'une centrale comptant deux réacteurs nucléaires.

Ce dispositif s'appuie sur une loi de 2005, promulguée donc par le prédécesseur de M. Obama, George W. Bush, qui autorise le département de l'Energie à garantir des prêts pour des projets privés réduisant les gaz à effet de serre.

Reconnaissant que l'énergie nucléaire a de «graves inconvénients», en particulier les déchets qu'elle produit, M. Obama a souligné la nécessité pour le pays de diversifier ses sources d'approvisionnement.

«Même s'il y a des désaccords, nous ne pouvons pas nous permettre de les empêcher de nous faire progresser», a-t-il plaidé, en évoquant des considérations de sécurité nationale et de limitation des émissions de gaz polluants.

Le projet de loi budgétaire pour 2011 présenté début février par M. Obama au Congrès mentionne un triplement du fonds de garantie pour construire des centrales, à plus de 54 milliards de dollars.

Les Etats-Unis ont boudé l'énergie nucléaire depuis un grave accident à la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie en 1979.

Le pays compte aujourd'hui 104 centrales nucléaires en fonctionnement, mais la plus récente, celle de Seebrook, dans le New Hampshire (nord-est), a été commandée en 1977 et est entrée en service en 1990. Tous ces réacteurs ne fournissent aujourd'hui que 20% des besoins en électricité du pays.

Le reste est assuré par le charbon, le gaz naturel, le pétrole et les énergies renouvelables, surtout l'hydroélectricité.

Selon des estimations des milieux professionnels, les Etats-Unis devront construire 35 nouveaux réacteurs pour conserver cette part de 20% d'électricité produite par le nucléaire, ce qui représenterait un investissement de quelque 280 milliards de dollars.

Fin janvier, le président Obama avait réitéré lors de son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès sa volonté de «construire une nouvelle génération de centrales nucléaires sûres et propres dans ce pays», et installé dans la foulée une commission destinée à réfléchir à la gestion des déchets nucléaires.

Selon l'entreprise Southern Company, qui va gérer les nouveaux réacteurs en Géorgie, leur construction génèrera environ 3.000 emplois, tandis que 850 postes permanents seront créés pour les faire fonctionner. Ils approvisionneront en électricité quelque 550.000 logements, soit 1,4 million de personnes.