Les États-Unis sont «profondément déçus» par la décision de la justice britannique ayant ordonné la publication de détails sur des interrogatoires menés en 2002 au Pakistan par des Américains sur un ancien prisonnier de Guantanamo, a indiqué mercredi la Maison Blanche. Des documents révélés mercredi par Londres sur injonction de la justice ont montré que cet ancien détenu, l'Ethiopien Binyam Mohamed, avait été enchaîné, régulièrement privé de sommeil et menacé de «disparition», lors de ces séances d'interrogatoires.

Les États-Unis sont «profondément déçus» par la décision de la justice britannique ayant ordonné la publication de détails sur des interrogatoires menés en 2002 au Pakistan par des Américains sur un ancien prisonnier de Guantanamo, a indiqué mercredi la Maison Blanche. Des documents révélés mercredi par Londres sur injonction de la justice ont montré que cet ancien détenu, l'Ethiopien Binyam Mohamed, avait été enchaîné, régulièrement privé de sommeil et menacé de «disparition», lors de ces séances d'interrogatoires.

«Le gouvernement américain a fait clairement connaître son opinion tout au long de cette procédure. Nous sommes satisfaits que le gouvernement britannique ait tenu bon sur le principe de protection des renseignements de gouvernements étrangers face au tribunal», a indiqué la présidence américaine dans un communiqué.

Toutefois, «nous sommes profondément déçus par le jugement du tribunal aujourd'hui parce que nous avons partagé ces renseignements en toute confiance et avec certaines attentes», selon ce texte.

«Comme nous l'avions prévenu, le jugement du tribunal va compliquer la confidentialité de notre relation de partage de renseignements avec le Royaume-Uni, et il entrera en ligne de compte dans notre futur processus de prise de décision», a ajouté la Maison Blanche, tout en affirmant que Londres «reste un partenaire crucial dans nos efforts collectifs pour mettre fin au terrorisme et à d'autres menaces contre notre sécurité nationale».

La publication des documents relatifs aux interrogatoires de Binyam Mohamed est intervenue après le jugement d'une Cour d'appel déboutant le ministère des Affaires étrangères britannique qui voulait garder le secret sur ces informations.

Dans une série d'interrogatoires conduits en avril 2002 au Pakistan, l'Ethiopien Binyam Mohamed «a été de manière intentionnelle soumis à des privations de sommeil... des menaces et des méthodes de persuasion». Les Américains qui l'ont interrogé ont «joué sur ses craintes de se voir transférer hors d'une détention américaine et de +disparaître+», selon ces documents.

«Le stress provoqué par ces tactiques délibérées a été accru par le fait qu'il était enchaîné lors de ses interrogatoires», ajoutent les documents qui concluent que ces traitements pourraient «facilement» être considérés «pour le moins cruels, inhumains et dégradants».

Ces informations résument en sept paragraphes les renseignements donnés par la CIA aux services britanniques sur le traitement reçu par Binyam Mohamed en 2002. Elles figuraient dans le compte-rendu d'un procès britannique de 2008 sur l'affaire, mais le Foreign Office avait jusqu'à présent empêché leur publication, invoquant la «sécurité nationale» et la nécessité de préserver le secret des renseignements échangés entre Londres et Washington.

Binyam Mohamed, 31 ans, a été arrêté au Pakistan en 2002 puis transféré dans un site secret au Maroc et enfin en 2004 sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Il a été le premier prisonnier à en être libéré, en février 2009. Il a été transféré au Royaume-Uni, pays où il avait résidé à partir de 1994.