Le discours le plus important de sa vie: la formule a déjà été utilisée à plusieurs reprises au sujet de Barack Obama, qui s'est souvent montré à la hauteur de la situation. L'analyse de notre correspondant Richard Hétu.

Son premier discours sur l'état de l'Union était certes le plus important de sa présidence, qui traverse sa période la plus tumultueuse. Il y a une semaine, la victoire d'un républicain lors d'une élection sénatoriale dans le bastion démocrate du Massachusetts a mis en péril son programme et semé la panique chez les démocrates du Congrès. Dans ses premières déclarations à la suite de cette gifle humiliante, il a lui-même donné l'impression d'avoir perdu ses repères.

Une semaine plus tard, Barack Obama n'a pas seulement tenté de relancer sa présidence en mettant l'accent sur l'économie. Il s'est également posé de nouveau comme réformateur. C'est un rôle qu'il a tenu avec brio pendant la campagne présidentielle, promettant de changer la culture politique de Washington. Mais c'est un rôle qu'il a semblé oublier au cours d'un début de mandat marqué par divers compromis avec les parlementaires, les lobbyistes et autres forces incarnant le statu quo.

Hier soir, devant les élus du Congrès et le peuple américain, le président démocrate a promis de lutter contre l'influence des lobbyistes et de l'argent à Washington, contre l'inertie politique qui résulte des divisions entre démocrates et républicains, et contre la tentation de tourner le dos aux Américains qui perdent leur assurance maladie ainsi qu'à ceux qui en sont dépourvus.

Déficit de confiance

«Pour ce faire, nous devons reconnaître que nous faisons maintenant face à un déficit qui va au-delà des dollars, a-t-il déclaré. Nous faisons face à un déficit de confiance - des doutes profonds et corrosifs sur la façon dont Washington fonctionne qui s'accroissent depuis des années. Pour combler ce déficit de crédibilité, nous devons passer à l'action d'un bout à l'autre de Pennsylvania Avenue afin de mettre un terme à l'influence disproportionnée des lobbyistes; afin d'accomplir notre travail ouvertement; et afin de donner à notre peuple le gouvernement qu'il mérite.

«C'est pour cela que je suis venu à Washington, a-t-il ajouté. C'est pourquoi - pour la première fois de l'histoire - mon administration a publié la liste des visiteurs de la Maison-Blanche en ligne. Et c'est pourquoi nous avons exclu les lobbyistes des emplois reliés à l'élaboration de nos politiques ou des positions au sein de commissions fédérales.»

Tout en appelant les parlementaires à fixer des limites aux contributions financières des lobbyistes aux campagnes nationales, le président Obama a dénoncé de nouveau la décision récente de la Cour suprême de lever les limites au financement électoral par les entreprises privées. Selon lui, cette décision ouvrira «les vannes d'une quantité illimitée d'argent des groupes d'influence, dont des sociétés étrangères, dans nos élections».

«Je ne pense pas que les élections américaines devraient être financées par les groupes d'influence les plus puissants de l'Amérique, ou pire, par des entités étrangères. Elles devraient être décidées par le peuple américain, et c'est pourquoi j'exhorte les démocrates et les républicains à adopter un projet de loi qui corrigera ces problèmes», a-t-il dit.

Réforme de la finance

Barack Obama a également appelé le Sénat à terminer la réforme du système financier lancé par la Chambre des représentants l'an dernier, afin d'éviter une répétition de la crise de 2008 et de protéger les consommateurs contre les abus des banques.

À propos du dossier de la santé, le président n'a pas offert de détails sur la façon de relancer sa réforme. Il a cependant rappelé aux démocrates du Congrès qu'ils avaient «encore la plus forte majorité depuis des décennies, et les gens s'attendent à ce (qu'ils règlent) certains problèmes, pas (qu'ils prennent) la fuite».

S'adressant aux républicains du Congrès, il a déclaré que «de dire seulement non à tout est peut-être bon à court terme sur le plan politique, mais ce n'est pas du leadership».

Le président a conclu son discours en répondant à ceux qui doutent de sa capacité de changer quoi que ce soit à Washington. «Je n'ai jamais laissé entendre que le changement serait facile. Nous avons fini une année difficile. Nous avons traversé une décennie difficile. Mais une nouvelle année commence. Une nouvelle décennie s'étend devant nous. Nous n'abandonnons pas. Je n'abandonne pas. Saisissons ce moment pour repartir à neuf, relancer le rêve et renforcer notre union de nouveau», a-t-il dit.