Le meurtrier du Dr George Tiller, un médecin américain pratiquant des avortements tardifs, lui a tiré une balle dans la tête sans prononcer un seul mot, ont affirmé lundi des témoins lors de son procès à Wichita (Kansas).

Scott Roeder, militant anti-avortement âgé de 51 ans, s'est ensuite enfui de l'église de Wichita où s'est déroulé le drame, le 31 mai dernier, en menaçant deux autres personnes sur son passage, avant d'être arrêté trois heures plus tard. Il plaide aujourd'hui non coupable, affirmant que son geste était «nécessaire» pour protéger la vie des foetus.

«J'ai levé les yeux, cet homme s'est avancé jusqu'à hauteur de George, a mis un revolver sur sa tempe et a tiré», a raconté Gary Hoepner qui se tenait à côté de Dr Tiller dans le foyer de l'église, en attendant la messe ce dimanche matin.

Il a assuré avoir suivi le tireur en dehors de l'église jusqu'au parking mais avoir battu en retraite sous la menace de son arme. «Il s'est retourné et a dit +j'ai un revolver, je vais tirer+», a-t-il rapporté. «Je me suis arrêté».

Selon lui, Scott Roedner a dit quelque chose comme «Seigneur, pardonne-moi», en prenant la fuite.

Un autre membre de la paroisse a également raconté lundi avoir couru derrière le tireur et avoir essayé de l'empêcher de démarrer. «Il m'a dit "laisse-moi ou je vais tirer" et il a pointé son arme sur mon visage», a dit Keith Martin.

Les deux témoins ont affirmé avoir déjà vu l'homme dans l'église auparavant. Elle avait été le théâtre de nombreuses actions de militants anti-avortement en raison de l'appartenance du Dr Tiller à la paroisse.

Le Dr Tiller, 67 ans, quatre enfants, était l'un des très rares médecins à pratiquer des avortements après 22 semaines de grossesse. Personnage très controversé, il était surnommé "Tiller the baby killer" (Tiller le tueur de bébés) par les opposants à l'avortement.

Scott Roeder a admis avoir tiré sur sa victime.

Le juge Warren Wilbert qui préside le procès a indiqué qu'il ne voulait pas que les audiences deviennent un lieu de débat sur la question de l'avortement, très controversée aux Etats-Unis.

Il n'a toujours pas décidé si l'accusé pouvait plaider coupable d'«homicide involontaire», bien moins grave que l'«assassinat» pour lequel il est jusqu'ici poursuivi.

La loi du Kansas prévoit qu'un homicide puisse être involontaire quand il répond à une croyance «non raisonnable mais honnête» que son crime va éviter des souffrances à lui et à d'autres.