Barack Obama a rapproché l'Amérique du reste du monde. Mais un an après son investiture, le président américain reste en quête de résultats sur les dossiers diplomatiques les plus importants.

La politique étrangère de George W. Bush tournait largement autour des nécessités de la «guerre contre le terrorisme». Celle de son successeur a été définie par la secrétaire d'État Hillary Clinton comme «une nouvelle ère de dialogue».

Barack Obama a démontré, tant pour gérer la crise financière qu'à la conférence de Copenhague, sa conviction que les États-Unis ne pouvaient résoudre seuls les problèmes de la planète. Il a relancé les relations américano-russes et misé sur un «dialogue stratégique» avec la Chine.

Il a promis de faire la guerre sans torturer et de respecter l'ONU.

Sa popularité personnelle a appuyé l'impact de ses grands discours, comme celui du Caire appelant à réconcilier l'Islam et l'Occident, ou l'allocution de réception de son prix Nobel de la paix.

M. Obama a aussi tendu la main aux ennemis de l'Amérique, du Cuba des frères Castro au Venezuela d'Hugo Chavez, en passant par l'Iran de Mahmoud Ahmadinejad.

«Obama a remis Washington dans le circuit des négociations internationales», et «dissipé beaucoup de l'anti-américanisme qui était dans l'air», juge dans The American Interest Leslie Gelb, ex-président du groupe de réflexion CFR. «Il a préparé le terrain pour le redéploiement de la puissance américaine», poursuit-il. «Le problème, c'est qu'il n'a pas encore appuyé sur l'accélérateur».

Trois dossiers se détachaient, début 2009, du vaste ensemble de défis lancés à la première puissance mondiale: le processus de paix au Proche-Orient, le nucléaire iranien et la guerre en Afghanistan et au Pakistan.

Le premier est resté dans l'impasse, entre l'intransigeance du gouvernement israélien et la division des Palestiniens. Après une longue année d'efforts stériles, Washington fourbit désormais un nouveau plan.

Dans la controverse nucléaire avec Téhéran, M. Obama a tenté sans succès le dialogue. Mais cette démarche, disent plusieurs experts, renforce aujourd'hui la position des États-Unis pour réclamer de nouvelles sanctions contre la République islamique.

Le président a enfin, et surtout, annoncé des renforts militaires en Afghanistan. Il a tenté dans le même temps de resserrer les liens avec le Pakistan, tout en intensifiant les attaques de drones contre les islamistes dans ce pays.

Dans les trois dossiers, l'administration Obama a affaibli sa politique nouvelle en conservant peu ou prou les tactiques de son prédécesseur, argue Amjad Atallah, un expert de la fondation New America.

«Même en Afghanistan», dit-il à l'AFP, «qui est l'endroit où l'on voit le plus de différences, parce que les néo-conservateurs se moquaient de l'Afghanistan, la démarche est très semblable à la stratégie de l'administration Bush pour l'Irak: des renforts suivis d'un retrait.»

Dans la revue Foreign Affairs, Zbigniew Brzezinski, qui fut le gourou diplomatique du président démocrate Jimmy Carter (1977-1981), rend hommage à Barack Obama pour avoir «repensé de fond en comble» les objectifs de la diplomatie américaine. Il cite notamment le désarmement nucléaire, la volonté de traiter la Chine en «partenaire géopolitique», ou l'ambition d'être «un médiateur équitable» au Proche-Orient.

Il estime pourtant que «jusqu'à présent, la politique étrangère du président a suscité plus d'attentes que de percées stratégiques».

Or, prévient l'ancien conseiller, «c'est le traitement par M. Obama des trois urgences liées les unes aux autres - le Proche-Orient, l'Iran et l'Afghanistan/Pakistan - qui déterminera le rôle mondial des États-Unis dans l'avenir prévisible».