Ses adversaires avaient mis en garde les électeurs contre son inexpérience, mais Barack Obama semble avoir endossé avec aisance le costume de 44e président des États-Unis, même si sa promesse de gouverner en dépassant les clivages politiques n'a pas été tenue.

Entre pondération et éloquence, le «style» Obama, devenu familier aux Américains pendant la longue campagne électorale de 2007-2008, n'a pas été foncièrement altéré par son emménagement en famille à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2009.

«Beaucoup de nos opinions sur Obama avant l'élection ont été confirmées. Il est intelligent, bien informé, volontaire, ouvert aux opinions contraires, plus pragmatique qu'idéologue, retenu dans sa rhétorique et ambitieux», énumère Thomas Mann, expert de la Brookings Institution.

Un autre observateur, loin d'être impartial puisqu'il s'agit de David Axelrod, le principal conseiller de Barack Obama, assure avoir été surpris de voir «la facilité avec laquelle il s'est coulé dans sa fonction, dès le premier jour».

Selon lui, le président, qui travaille tard le soir mais met un point d'honneur à dîner avec son épouse et leurs deux filles, «révise ses dossiers et va même au-delà, il arrive en réunion avec énormément d'informations et d'idées en tête, et il n'a pas peur de prendre des décisions».

C'est pourtant l'angle d'attaque qu'ont choisi ses adversaires républicains, l'ancien vice-président Dick Cheney en tête, en reprochant à M. Obama d'hésiter et de temporiser, en particulier sur son choix d'envoyer 30 000 soldats en Afghanistan, décidé à l'issue de trois mois de réunions de haut niveau.

Pour M. Axelrod, le premier président noir des États-Unis a fait mentir ceux qui affirmaient qu'il n'était pas qualifié pour diriger la première puissance mondiale, après un seul mandat de sénateur, inachevé, qui plus est. «Il n'avait jamais occupé de fonction exécutive avant», reconnaît le conseiller.

Pourtant, M. Obama a démontré «des qualités de dirigeant, en cela qu'il fixe un cap et compte sur son équipe pour exécuter» les décisions, expliquait récemment M. Axelrod à des journalistes, dont l'AFP. «Il vérifie et s'il a l'impression qu'on dévie, il corrige, mais il ne gère pas les détails».

Le candidat Obama était un orateur de premier ordre et le président Obama prononce toujours des discours marquants et habiles, comme le 10 décembre lorsqu'il s'était permis de défendre la «guerre parfois nécessaire»... en recevant le prix Nobel de la paix.

Taxé d'idéologue par les républicains, M. Obama a pourtant su faire preuve de pragmatisme, en s'accomodant de demi-victoires sur le dossier de la réforme du système de santé au Congrès ou du réchauffement climatique lors de la conférence de Copenhague. Contre ses convictions, il s'est résolu à creuser le déficit pour relancer l'économie.

Sur la forme, M. Obama, 48 ans, a pris quelques libertés avec l'héritage de son prédécesseur: on l'a vu en bras de chemise jouer avec une balle dans le bureau ovale, où le costume-cravate était de rigueur sous George W. Bush.

M. Obama s'est toujours présenté comme n'appartenant pas à la caste dirigeante de Washington et avait promis de rassembler les bonnes volontés au-delà des clivages de partis, fidèle à son credo de consensus exprimé de façon mémorable dès la convention présidentielle démocrate de 2004.

Mais le refus des républicains de coopérer l'a contraint à s'appuyer sur toute la majorité dont les démocrates disposent au Congrès. «Son argument post-partisan constituait une approche qui n'était pas réaliste, en ces temps de polarisation extrême» de l'échiquier politique, remarque M. Mann.