La nouvelle initiative américaine pour relancer le dialogue de paix au Proche-Orient s'est précisée vendredi, au fil d'entretiens de la secrétaire d'Éat Hillary Clinton avec ses homologues jordanien et égyptien.

«Nous travaillons avec les Israéliens, l'Autorité palestinienne, la Jordanie et les Éats arabes pour faire les démarches nécessaires à la relance de négociations le plus tôt possible et sans conditions préalables», a annoncé la chef de la diplomatie américaine.

Hillary Clinton a souhaité un accord «mettant fin au conflit en conciliant l'objectif palestinien d'un État indépendant et viable fondé sur les bases de 1967, avec des échanges (de territoires) amiables, et le but israélien de frontières reconnues, qui reflètent les évolutions postérieures» à 1967 et soient compatibles avec la sécurité de l'État juif.

«Résoudre la question des frontières résout la question des colonies», a justifié Mme Clinton, tout comme «résoudre la question de Jérusalem résout la question des colonies».

Le président américain Barack Obama a hissé le conflit israélo-palestinien très haut parmi ses priorités de politique étrangère, arguant que la paix au Proche-Orient transformerait l'ensemble des relations entre l'Amérique et le monde musulman.

Mais ses premiers efforts se sont fracassés sur le refus des Israéliens d'un gel total de la colonisation et sur la division profonde des Palestiniens entre l'Autorité palestinienne et le Hamas. Il n'a obtenu jusqu'à présent aucune avancée, échouant en particulier à ramener les parties à la table des négociations, qu'elles ont quittée en décembre 2008.

La diplomatie américaine avait prévenu à l'automne qu'il lui faudrait sans doute changer son fusil d'épaule.

Lundi, le quotidien israélien Maariv a évoqué en détail un nouveau plan de paix américain comprenant des lettres de garantie de M. Obama aux Palestiniens, et prévoyant un délai-limite de deux ans pour la négociation.

L'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell a repris à son compte, jeudi, l'idée d'une négociation limitée à deux ans.

Hillary Clinton, elle, n'a encore fait aucune annonce, mais les déclarations du ministre jordanien Nasser Jawdeh, vendredi matin à ses côtés, ne laissent guère de doutes sur l'existence du plan.

M. Jawdeh a soutenu l'importance de «mettre sur la table des dates-butoir». «Aujourd'hui», a-t-il insisté, «nous n'avons surtout pas besoin d'un processus illimité dans le temps». Il faut des négociations «liées par un calendrier et un plan clair, avec des étapes pour mettre fin à ce conflit qui a trop duré».

Mme Clinton, de son côté, a offert «les garanties et l'assistance» de la communauté internationale une fois la négociation reprise entre les parties sur les éléments d'une solution à deux Etats, qu'elle a énumérés: «les frontières, la sécurité, Jérusalem, les réfugiés, l'eau».

Autre signe de grandes manoeuvres en préparation: la secrétaire d'État a également reçu vendredi le ministre égyptien Ahmed Aboul Gheit, accompagné du chef des renseignements égyptiens Omar Suleiman.

M. Suleiman est chargé en général du dialogue interpalestinien, et l'Egypte est, dans le monde arabe, le principal acteur capable de parler tant aux Israéliens qu'aux Palestiniens.

Mme Clinton a aussi fait part de son «inquiétude», alors que la mairie de Jérusalem vient d'approuver la construction de quatre immeubles d'habitation réservés à des juifs dans la partie orientale annexée de la ville.

George Mitchell, de son côté, s'envole lundi pour Paris et Bruxelles, où il devrait rencontrer les partenaires européens du Quartette (Éats-Unis, Russie, UE et ONU) pour le Proche-Orient.