L'administration américaine doit publier ce jeudi un rapport du renseignement sur l'attentat manqué contre un vol de la Northwest Airlines le 25 décembre. Le président Barack Obama annoncera ensuite ses conclusions et recommandations en matière de sécurité, espérant au passage mettre derrière lui cette affaire embarrassante pour son équipe.

Le chef de la Maison-Blanche avait annoncé lui-même mardi la publication de la version déclassifiée du rapport rédigé par son conseiller antiterroriste John Brennan. S'exprimant à l'issue d'une réunion sur la sécurité aérienne, il avait été sévère avec ses services de renseignement. Ceux-ci disposaient, selon lui, d'informations suffisantes pour empêcher la tentative d'attentat du vol Amsterdam-Detroit mais n'avaient pas fait les rapprochements nécessaires. «Ce n'est pas acceptable et je ne le tolérerai pas», avait-il averti, soulignant que les agences de renseignement savaient notamment qu'Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian de 23 ans qui a tenté de faire exploser l'avion de la Northwest, s'était rendu précédemment au Yémen et y avait rencontré des extrémistes d'Al-Qaeda.

Dans un entretien publié jeudi dans «USA Today», le général James Jones, conseiller sur la sécurité nationale, a averti que les lecteurs du rapport Brennan ressentiront «un certain choc». «L'homme de la rue (...) sera surpris de voir que les corrélations n'ont pas été faites» entre les différents éléments pointant vers Umar Farouk Abdulmutallab, déclare-t-il.

Selon un communiqué du département à la Sécurité intérieure diffusé également jeudi matin, les liens potentiels entre le suspect et des extrémistes avaient en effet été établis après examen des listes de surveillance antiterroriste, sur lesquelles figurait son nom. Umar Farouk Abdulmutallab devait ainsi faire l'objet d'un contrôle de sécurité supplémentaire à son arrivée à Détroit.

Sur la base de ces éléments, Barack Obama devrait donc faire jeudi de nouvelles recommandations en matière de sécurité aérienne. En revanche, aucun renvoi de responsables de son administration n'est attendu. Du moins par pour l'instant. «Je ne sais pas quelle sera l'issue finale en termes d'embauche et de renvoi», a déclaré mercredi le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs.

Malgré ces annonces attendues, il est probable que plusieurs zones d'ombre demeurent, et des auditions devant le Sénat sont prévues dans le cours du mois pour tenter de faire la lumière sur cette affaire embarrassante pour l'administration Obama.

Gêné par cette faille du dispositif de sécurité qui a relancé la psychose du terrorisme aux États-Unis, le président américain espère ramener jeudi l'attention de l'opinion sur les dossiers qu'il privilégie, comme la réforme de la santé ou la reprise économique. «À plusieurs égards, ce sera la clôture de cette partie de l'enquête», a indiqué Robert Gibbs.

Depuis deux semaines, Barack Obama n'a en effet pas ménagé sa communication sur le dossier. Il s'est exprimé deux fois devant la presse lors de ses vacances à Hawaï, ainsi que deux fois à la Maison-Blanche, a diffusé un communiqué le 31 décembre, et a abordé le sujet lors de son allocution radiophonique hebdomadaire, le week-end dernier.