À la veille du dernier vote du Sénat sur son projet de réforme du système de santé, Barack Obama a répondu aux critiques émises par l'aile gauche du Parti démocrate, selon lesquelles cette mesure ne va pas assez loin et doit être modifiée ou rejetée.

«Cette idée ignore tout simplement la réalité humaine du projet de loi, qui aidera des millions de personnes et deviendra la plus importante loi en matière de politique intérieure depuis Medicare et peut-être la Sécurité sociale», a déclaré le président américain lors d'une entrevue à la chaîne radiophonique NPR, en faisant allusion aux deux programmes sociaux les plus populaires aux États-Unis.

 

«Nous avons fait du très bon travail», a-t-il ajouté.

Le dernier vote du Sénat, qui devait initialement avoir lieu ce soir à 19h, sera tenu ce matin à 7h à la suite d'un accord entre les chefs démocrates et républicains. L'adoption du projet de loi aura été précédée par une série de votes de procédure qui ont commencé dans la nuit de dimanche à lundi et pris fin hier.

Mardi, lors d'une entrevue avec le Washington Post, le président Obama avait affirmé que le Sénat avait accompli «95%» de ce qu'il avait promis aux Américains.

«Est-ce que ces éléments de loi contiennent exactement tout ce que je veux? Bien sûr que non. Mais ils comportent les mesures nécessaires à la réduction des coûts de santé pour les entreprises, les familles et l'État», a-t-il dit.

La gauche du Parti démocrate déplore notamment que le projet de loi du Sénat ne prévoie pas la création d'un régime d'assurance maladie public qui aurait été mis en concurrence avec les assureurs privés. Cette disposition, surnommée «option publique», se trouve dans la réforme du système de santé approuvée par la Chambre des représentants le 7 novembre dernier.

Les textes du Sénat et de la Chambre devront être harmonisés au cours de négociations qui auront lieu au début de l'année prochaine et qui pourraient être difficiles.

«Réforme diluée»

«Le projet de loi du Sénat n'est pas digne du vote historique auquel la Chambre des représentants a procédé il y a un mois», a écrit la représentante démocrate de New York Louise Slaughter dans un texte publié hier sur le site de CNN. «Les partisans de cette réforme diluée disent: «Adoptez-la, c'est mieux que rien.» Je suis en profond désaccord. Il est temps de demander au Sénat de refaire ses devoirs.»

Les sénateurs Ben Nelson et Joe Lieberman, qui voteront aujourd'hui en faveur du projet de loi du Sénat, ont déjà menacé de retirer leur soutien à la réforme si les négociations avec la Chambre accouchaient de changements majeurs. La réforme du Sénat vise notamment à étendre la couverture médicale à 31 des 36 millions d'Américains qui n'en ont pas encore.

Les républicains ont continué hier à critiquer cette réforme. Ils ont notamment affirmé que le projet de loi du Sénat aggravera le déficit plutôt que de le réduire comme l'assurent les démocrates. Citant une lettre diffusée hier par le Bureau du budget du Congrès, ils ont accusé les démocrates de compter deux fois les fonds économisés sur le programme Medicare destiné aux personnes âgées.

«Vous ne pouvez vendre le même poney deux fois», a déclaré le sénateur républicain de l'Arizona, Jon Kyl, selon qui la réforme fera grimper le déficit d'au moins 170 milliards de dollars sur 10 ans.

Dans une analyse publiée la semaine dernière, le Bureau du budget du Congrès avait estimé que la réforme permettra de réduire le déficit de 132 milliards de dollars.

«La lettre d'aujourd'hui porte sur le programme Medicare, et non sur l'impact budgétaire, à court et long terme, du projet de loi», a écrit le porte-parole du chef de la majorité démocrate Jim Manley dans un courriel.

Le président Obama devrait faire une déclaration à la Maison-Blanche ce matin après le dernier vote du Sénat sur la réforme. Il quittera ensuite Washington pour Hawaii, où il passera en famille les vacances de Noël.