Le long séjour d'Omar Khadr à la prison de Guantánamo est loin d'être terminé. Son transfert prévu en 2010 dans une prison de l'Illinois n'aura pas lieu avant une autre année, dans le meilleur des scénarios.

Le projet de l'administration de Barack Obama d'acheter le centre correctionnel Thomson, situé dans l'État de l'Illinois, vient en effet d'avorter, après qu'un comité du Congrès eut refusé d'approuver les 150 millions de dollars nécessaires pour en faire l'acquisition du gouvernement de l'État, a rapporté mercredi le New York Times.

L'administration Obama devra donc revenir à la charge au cours du prochain exercice financier, en mars ou en avril, pour soumettre une nouvelle demande de financement. Et si cette demande est approuvée dans le cadre d'une demande plus large de financement de la nouvelle stratégie de guerre en Afghanistan, les autorités carcérales devront installer de nouvelles clôtures, des caméras et améliorer les dispositifs de sécurité dans cette prison. Ces travaux pourraient durer de 8 à 10 mois en tout.

Résultat : Omar Khadr devra prendre son mal en patience. Son séjour à Guantánamo se prolongera encore plusieurs mois.

En tout, on prévoyait transférer dans cette prison quelque 100 détenus de Guantánamo soupçonnés de s'être livrés à des actes de terrorisme, dont le jeune Omar Khadr, accusé par les autorités américaines d'avoir lancé une grenade qui a coûté la vie à un soldat américain en Afghanistan en 2002.

Âgé de 23 ans, Omar Khadr est le dernier ressortissant occidental à être encore détenu à Guantánamo. Les autres ont tous été rapatriés dans leur pays d'origine pour y être jugés ou libérés. Le gouvernement Harper subit de fortes pressions depuis quelques mois pour qu'il rapatrie Khadr, qui attend de subir son procès depuis sept ans.

La semaine dernière, l'avocat de M. Khadr, Nathan Whitling, avait indiqué que le Pentagone avait confirmé à son client qu'il serait transféré au centre correctionnel Thomson en 2010, vraisemblablement après avoir subi son procès en juillet.

M. Whitling avait soutenu que les conditions de détention de la prison de l'Illinois, une prison à sécurité maximale, seraient comparables à celles de la prison de Guantánamo, à Cuba. Il avait aussi précisé que le procès de Khadr devait se dérouler devant une commission militaire et non un tribunal civil.

La semaine dernière, le président Obama a reconnu pour la première fois qu'il ne pourrait respecter son engagement de fermer la prison de Guantánamo à la fin de janvier 2010. M. Obama avait signé un décret en ce sens le 22 janvier dernier, deux jours après son arrivée à la Maison-Blanche, dans un geste visant à rompre rapidement avec les politiques controversées de son prédécesseur, le républicain George W. Bush.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, Ben LaBolt, cité mercredi par le New York Times, a affirmé que le président Obama reste déterminé à fermer la prison de Guantánamo. «Nous allons travailler avec le Congrès afin d'obtenir les fonds nécessaires pour acheter la prison de Thomson et y apporter les améliorations nécessaires l'an prochain», a-t-il dit.

Ce nouveau rebondissement a amené le député du NPD Paul Dewar à réclamer de nouveau du gouvernement Harper qu'il rapatrie dans les plus brefs délais Omar Khadr afin qu'il soit jugé au Canada.

«Cela fait en sorte que tout est retardé d'au moins un an. Le premier ministre Stephen Harper se cache derrière Washington pour ne pas agir. Des tribunaux ont déjà indiqué que le gouvernement avait l'obligation de rapatrier Omar Khadr. Il faut le rapatrier à la maison et le juger ici selon les lois canadiennes», a dit M. Dewar.

En août, la Cour d'appel fédérale avait infligé un camouflet au gouvernement Harper en confirmant le jugement d'un tribunal inférieur selon lequel le Canada avait l'obligation de demander aux États-Unis le rapatriement d'Omar Khadr. Cette décision a été portée en appel devant la Cour suprême du Canada.

Depuis le début, le gouvernement Harper affirme qu'Omar Khadr a commis un crime grave en tuant un soldat américain en Afghanistan et qu'il doit répondre à des accusations devant les tribunaux américains.