La diversité démographique et sociale du sud des États-Unis a été ramenée à l'avant-plan ce week-end, quand les électeurs de Houston, la quatrième plus grande ville du pays, ont élu une mairesse ouvertement gaie.

Annise Parker, une démocrate d'allégeance conservatrice, a signalé que cette victoire était extrêmement significative pour les homosexuels. «Cette élection a changé le monde pour les gais, lesbiennes, bisexuels ou transgenres», a-t-elle dit après l'annonce de sa victoire. Mme Parker a récolté 53,6% des votes dans une élection pour laquelle à peine 16% des électeurs ont voté. Houston est la plus grande ville du Texas.

Selon Paul Scott, directeur exécutif du groupe Equality Texas, cette victoire montre que les électeurs sont plus intéressés par les qualifications des candidats que par leur orientation sexuelle. «Je crois que ce qu'on voit, c'est que malgré les attaques négatives, les électeurs de Houston sont capables d'élire la meilleure candidate. C'est la preuve que les campagnes de peur ne fonctionnent pas», a-t-il noté le soir du vote.

Mme Parker n'a pas fait campagne sur son orientation sexuelle, mais ses adversaires ont abordé la question, qui est plus tard devenue l'un des enjeux de la course. Des groupes opposés à sa candidature ont envoyé 35 000 dépliants dénonçant les «comportements homosexuels» de la candidate. «Est-ce l'image que Houston veut projeter?» scandait en lettres majuscules le dépliant, qui présentait une photo d'Annise Parker aux cotés de sa conjointe, Kathy Hubbard. Le couple, ensemble depuis 19 ans, élève trois enfants adoptés.

Cette tactique, dénoncée par l'adversaire de Mme Parker, Gene Locke, semble avoir poussé les électeurs à appuyer la candidate. Celle-ci a pris de l'avance dans les sondages au lendemain des attaques.

Après l'annonce des résultats, le président Barack Obama a laissé un message vocal à la candidate, message qui s'est retrouvé sur le Net hier. «Je veux vous féliciter pour votre victoire extraordinaire. Je voulais vous laisser savoir que nous avons suivi l'élection, et sommes très fiers», a dit le président.

Au-delà des stéréotypes

Le stéréotype du Texan qui conduit sa camionnette, déteste l'ONU et voue un culte sans borne au génie de George W. Bush est bien réel. Mais, comme tous les stéréotypes, il ne raconte que la moitié de l'histoire.

En réalité, la majorité des Texans vivent dans des villes et des banlieues, et travaillent dans le secteur des services. Dans le cas des élections municipales, ce sont les enjeux locaux qui l'emportent sur les grandes questions nationales.

Aux prises avec une crise budgétaire, la nouvelle mairesse entrevoit faire des choix difficiles à son entrée en fonction, en janvier.

«Durant les premiers mois de mon administration, je vais passer beaucoup de temps à dire non à bien des gens. Je pense que plusieurs de mes décisions ne seront pas très populaires», a-t-elle dit à la télévision locale.

Selon elle, le résultat du vote montre que sa ville est plus éclectique que les Américains et le reste du monde peuvent le croire. «Nous sommes une population diversifiée, une ville internationale qui donne la chance aux gens.»

Le Texas élit traditionnellement des républicains, mais les démocrates y sont relativement populaires. L'an dernier, Barack Obama a récolté 45% des votes au Texas.