Les membres de l'administration Obama se sont de nouveau efforcés jeudi d'expliquer la stratégie afghane du président devant des parlementaires américains sceptiques quant à la pertinence de renforts et à un début de retrait en juillet 2011.

Signe des tensions au sein du propre camp démocrate de Barack Obama, la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, s'est abstenue jeudi de soutenir l'envoi de renforts.

«Le président a parlé. La décision est prise», s'est-elle bornée à déclarer.

«Je ne soutiens pas la décision de prolonger et d'étendre une stratégie risquée et intenable dans la région», a quant à lui martelé le sénateur démocrate Russ Feingold devant le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, la secrétaire d'État Hillary Clinton et le chef d'état-major Mike Mullen, réunis au Congrès pour une deuxième journée d'auditions parlementaires.

«Je ne pense pas qu'il faille risquer plus de vies américaines pour une guerre qui ne sert plus nos intérêts les plus pressants en matière de sécurité nationale», a-t-il ajouté, en réaction à la décision de Barack Obama d'envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.

Le président américain a par ailleurs approuvé le déploiement potentiel de 3.000 soldats supplémentaires (équipes médicales, de déminage...) pour soutenir les troupes, a précisé jeudi Robert Gates.

Une fois déployés ces nouveaux renforts, le contingent américain en Afghanistan va passer de 70.000 aujourd'hui à quelque 100 000 hommes.

M. Gates a tenté de convaincre la commission des Affaires étrangères du Sénat que ce renforcement allait permettre des progrès, comme l'avait fait une première vague de renforts envoyés l'été dernier.

«Quand les troupes sont arrivées, la situation s'est stabilisée, voire améliorée dans certains cas», a-t-il assuré en citant la province de Helmand, dans le sud afghan.

L'administration est également critiquée par l'opposition républicaine, qui voit d'un mauvais oeil le poids budgétaire de ce nouvel effort en Afghanistan -- évalué à 30 milliards de dollars -- et l'établissement d'une date de début de retrait qui, selon elle, risque de faire le jeu des talibans et d'Al-Qaeda.

«L'ennemi va sortir son calendrier et entourer la date de juillet 2011», moment choisi par l'administration Obama pour commencer à transférer la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes, a averti le sénateur républicain James Risch, faisant écho aux critiques du sénateur John McCain.

«Nous devons envoyer le message au gouvernement afghan que les forces armées américaines ne vont pas les protéger pour toujours», s'est défendu M. Gates.

Et même après le retrait des troupes de combat américaines, «les États-Unis continueront de soutenir le développement (des forces afghanes) sur le long terme», a-t-il ajouté.

En outre, aucune date de départ des dernières troupes américaines déployées en Afghanistan n'a encore été fixée et le nombre de militaires qui quitteront ce pays en 2011 «pourrait être très limité», a affirmé l'amiral Mullen sur la chaîne CBS.

La secrétaire d'État Hillary Clinton s'est envolée jeudi pour Bruxelles pour une réunion cruciale vendredi des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN sur l'Afghanistan. Avant de monter dans l'avion, elle s'est félicitée des réponses «positives» des alliés, auxquels M. Obama a réclamé plus de troupes.

Le gouvernement italien a donné son feu vert jeudi soir à l'envoi d'un millier de soldats supplémentaires l'année prochaine.