Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a assuré jeudi devant la Chambre des représentants que 116 détenus de la prison de Guantanamo sur 211 actuellement emprisonnés pouvaient être renvoyés vers d'autres pays.

«Nous sommes en train de déterminer qui sont les détenus que nous pensons pouvoir transférer dans d'autres pays», a expliqué Robert Gates. «Nous en avons retenu, je crois, 116 jusqu'à maintenant», a-t-il ajouté. Il n'a cependant pas précisé si ces détenus seraient transférés libres ou pour être jugés, dans leur pays d'origine ou un pays tiers. Jusqu'ici l'administration avait évoqué les chiffres de 80 à 90 détenus libérables.

C'est la première fois que la proportion de ceux qui ne seraient pas transférés dans une ou des prisons américaines dépasse la moitié du total des prisonniers.

Interrogé sur la fermeture de la prison, que l'administration Obama a reconnu ne pas pouvoir garantir dans les délais qu'elle avait d'abord promis, il a affirmé que c'est «essentiellement la logistique qui s'est révélée plus compliquée» que prévu.

La prison de Guantanamo renferme actuellement 211 détenus, contre 242 à l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche.

Un détenu s'est suicidé, un a été transféré dans une prison fédérale à New York où il doit être jugé. Les 29 autres qui ont quitté la base navale américaine située à Cuba ont en majorité été renvoyés dans leur pays d'origine ou accueillis libres par des pays européens, comme la France, le Portugal ou l'Irlande.

Lundi, pour la première fois, l'administration Obama en a livré deux, de nationalité tunisienne, à la justice italienne qui les réclamait.

L'un des obstacles majeurs rencontrés par le gouvernement américain réside dans l'absence d'accord avec le Yémen. Pas moins de 97 Yéménites sont en effet actuellement à Guantanamo mais les États-Unis estiment que Sanaa ne donne pas suffisamment de garanties de supervision des anciens détenus à leur arrivée pour éviter qu'ils ne prennent les armes.

L'autre difficulté est d'ordre diplomatique, puisque le gouvernement américain compte sur l'aide des pays européens pour accueillir les détenus blanchis de tout soupçon de terrorisme. L'envoyé spécial des États-Unis, Daniel Fried, traverse l'Atlantique plusieurs fois par mois mais chaque cas particulier est complexe et prend des mois avant d'être réglé.

Parmi les détenus restant à Guantanamo, l'administration Obama a en outre l'intention d'en juger entre 40 et 60 devant des tribunaux militaires d'exception ou des tribunaux de droit commun, comme pour les cinq hommes accusés d'avoir organisé les attentats du 11-Septembre.

Un noyau dur demeure d'une cinquantaine de détenus contre lesquels les procureurs ne disposent pas de suffisamment de preuves pour envisager un procès mais que l'administration juge trop dangereux pour être libérés. Ceux-ci seront selon toute vraisemblance transférés vers une prison américaine.

«Le processus de sélection d'une prison est dans sa dernière ligne droite», a déclaré Robert Gates jeudi.

Depuis plusieurs semaines, les médias américains évoquent une prison située à environ 200 km de Chicago (Illinois, nord), le Thomson Correctional Center, actuellement presque vide.

La prison de Guantanamo a été ouverte en janvier 2002 pour accueillir les détenus de la «guerre contre le terrorisme» lancée par George W. Bush au lendemain du 11 Septembre.