Plus de huit années après le début de la guerre en Afghanistan, Barack Obama ne s'attendait sans doute pas à soulever l'enthousiasme en annonçant une escalade militaire dans ce pays. Mais pouvait-il prévoir que sa nouvelle stratégie lui vaudrait d'essuyer des tirs fratricides dans les minutes qui ont suivi son discours à West Point mardi soir?

«Je suis opposé à l'envoi de 30 000 soldats de plus en Afghanistan parce que je ne suis pas persuadé que c'est indispensable à notre combat contre Al-Qaeda», a déclaré le sénateur démocrate de Pennsylvanie, Arlen Specter, dans un communiqué.

 

«Augmenter notre présence militaire en Afghanistan est une erreur», a pour sa part déclaré la représentante démocrate de Californie, Jane Harman, selon qui une «occupation plus importante» servira aux talibans comme «outil de recrutement».

La nouvelle stratégie afghane du président Obama a certes été saluée par des démocrates, des républicains et des éditorialistes. Mais les réactions de Specter et Harman, qui ne peuvent être qualifiés de colombes, illustrent la situation difficile dans laquelle se trouve le chef de la Maison-Blanche au lendemain de son discours, un des plus importants de sa présidence.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, et la secrétaire d'État, Hillary Clinton, se sont rendus au Capitole hier pour défendre la décision de leur patron. Au cours de son intervention devant la commission du Sénat sur les forces armées, le chef du Pentagone a notamment indiqué que les premiers éléments des renforts annoncés mardi soir arriveront en Afghanistan avant Noël.

Scepticisme...

Mais plusieurs sénateurs, dont l'ex-candidat présidentiel John McCain, ont profité de cette audition pour exprimer leur scepticisme concernant la promesse du président de commencer le retrait des forces américaines d'Afghanistan à partir de juillet 2011.

«Nous évaluerons en décembre 2010 si nous sommes capables d'atteindre cet objectif», a déclaré Robert Gates en réponse à une question du sénateur McCain.

«Alors, cela n'a pas de sens de la part du président d'annoncer une date», a répliqué le républicain d'Arizona, ajoutant qu'un calendrier de retrait envoyait «le mauvais message à nos amis et à nos ennemis».

La nouvelle stratégie afghane du président Obama a reçu un meilleur accueil dans les grands journaux américains. Le Washington Post a salué la décision «à la fois juste et courageuse» du président d'envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. «Juste, car c'est le seul moyen d'éviter une défaite qui mettrait en péril ce pays et ses intérêts vitaux, et courageuse, car Obama s'est engagé dans une mission difficile et coûteuse, rejetée par son propre camp», a écrit le quotidien.

Le New York Times a également exprimé un soutien prudent à la stratégie du président. «À l'heure actuelle, nous ne savons même pas si 100 000 soldats américains et 40 000 autres de l'OTAN seront suffisants pour changer le cours de la guerre, a écrit le quotidien. Mais nous sommes certains que continuer la stratégie de (l'ancien) président (George W.) Bush de combattre pour pas cher, c'est une garantie d'échec.»