Les États-Unis ont pour la première fois révélé mercredi qu'ils maintenaient en détention sur leur sol un Iranien soupçonné de trafic d'armes vers l'Iran, qui a été extradé il y a deux ans, selon des déclarations du procureur fédéral du Delaware.

Le ministère de la Justice a précisé dans un communiqué qu'Amir Hossein Ardebili avait plaidé coupable en mai 2008 et que sa peine serait prononcée le 14 décembre. Poursuivi notamment pour contrebande, complot et blanchiment d'argent, l'homme a été confondu après trois ans de travail d'infiltration par un agent fédéral américain sous couverture. M. Ardebili était, selon le ministère, «un agent chargé d'acquérir des armes en grande quantité pour le compte du gouvernement iranien».

«Les accusations qui sont révélées aujourd'hui racontent l'histoire d'un homme responsable de passations de marché pour le gouvernement iranien», a expliqué à la presse David Weiss, procureur fédéral du Delaware. Le travail de M. Ardebili «était de se fournir et d'exporter illégalement des technologies et du matériel militaires américains», a-t-il ajouté.

«Son seul client était le gouvernement iranien, il a acheté illégalement du matériel pour qu'il soit utilisé par l'Iran dans le cadre de ce qu'il croyait être la préparation de ce pays à une guerre contre les États-Unis», a précisé le procureur.

Evoquant une «affaire majeure», M. Weiss a précisé que l'enquête visant Amir Hossein Ardebili avait commencé en 2004. Selon les documents de justice révélés mercredi, ce ressortissant iranien a «demandé et dépensé des millions de dollars pour vendre des composants (militaires) américains à l'Iran», essentiellement de l'électronique de bord pour des avions de chasse.

La presse locale avait révélé mardi matin que M. Ardebili avait été arrêté en Géorgie en 2007 puis extradé secrètement vers les États-Unis. Selon le journal, l'Iran a plusieurs fois officiellement demandé sa libération.

Le ministère a précisé que l'homme était en possession d'un ordinateur portable dont le contenu a permis aux autorités américaines de suivre plusieurs pistes avant de révéler son arrestation et sa détention.

Les États-Unis arrêtent régulièrement sur le sol américain des personnes soupçonnées d'envoyer des armes vers l'Iran. L'agence fédérale américaine des douanes et de l'immigration affirme avoir en 2007-2008 procédé à 333 arrestations dans le cadre de 2.252 enquêtes ouvertes pour exportation illégale d'armes ou de technologies militaires, en majorité vers l'Iran ou la Chine.

Récemment, le Belge Jacques Monsieur, trafiquant d'armes notoire, a plaidé coupable aux États-Unis d'avoir cherché à vendre des composants d'armes américaines à Téhéran.