Le parrain présumé de la mafia new-yorkaise, John Gotti Junior, est ressorti libre mardi d'un tribunal de New York faute d'unanimité du jury, poussant ainsi le juge à annuler le quatrième procès du fils de l'ancien chef de Cosa Nostra dans la mégapole.

«Je vais déclarer l'annulation», a annoncé le juge Kevin Castel, après que le jury lui eut dit: «Nous ne pouvons parvenir à une décision unanime. Nous sommes bloqués».

Les 12 jurés avaient délibéré pendant 11 jours.

A l'annonce de cette décision, les membres de la famille Gotti ont éclaté en sanglots et se sont enlacés dans la salle du tribunal. John Gotti Junior, 45 ans, a serré son avocat dans ses bras.

Peu après, M. Gotti est ressorti du tribunal, non sans s'être acquitté d'une caution de deux millions de dollars.

«Je vais rentrer chez moi, voir mes enfants», a-t-il lancé à sa sortie. «Je suis béni».

Il s'est ensuite engouffré dans une BMW blanche, alors que la police tentait de retenir la foule de journalistes accourue pour couvrir le procès. Trois hélicoptères de chaînes de télévision tournoyaient au-dessus du bâtiment.

Le procureur fédéral de Manhattan s'est dit «déçu» de l'annulation, mais il n'a pas dit s'il essaierait d'organiser un cinquième procès.

«Nous jaugeons nos options et, dans très peu de temps, nous informerons le tribunal» de la décision, a dit le procureur, Preet Bharara.

Dans cette affaire, M. Gotti comparaissait depuis la mi-septembre pour trois assassinats, extorsion et trafic de cocaïne.

Il s'agit de la quatrième annulation de procès en cinq ans pour le fils du plus célèbre chef de Cosa Nostra à New York. Elle devrait confirmer le sobriquet de «parrain de Teflon» que John Gotti Junior a acquis au fil du temps pour sa capacité à résister aux condamnations.

Tout au long des dix semaines qu'a duré le procès, Charles Carnesi, l'avocat de M. Gotti, s'est employé à convaincre le jury que son client n'avait plus aucun lien avec le crime organisé depuis des années.

Me Carnesi est allé plus loin en accusant le gouvernement américain d'avoir monté le dossier contre son client à partir de témoignages de mafiosi reconvertis, prêts à affirmer tout ce qu'on leur demandait en échange de réductions de peines.

Cintré dans ses costumes sombres sur chemise blanche, des lunettes de lecture cerclées de noir sur le nez, M. Gotti a préféré miser sur une apparence austère lors de ce nouveau procès, plutôt que de tomber dans le cliché du criminel tel que le ministère public souhaitait le dépeindre.

Son père, John Gotti, avait pris la tête du clan Gambino, une des «cinq familles» de la mafia new-yorkaise, après avoir fait assassiner son ancien chef Paul Castellano en 1985. M. Gotti père avait été condamné en 1992 pour extorsion et assassinat. Il est mort en prison en 2002.

Mais ce quatrième procès a permis de lever, un peu, le voile sur l'univers, fantasmé ou avéré, de la Cosa Nostra de la mégalopole.

Ce monde interlope et ultra-violent n'en est pas moins très hiérarchisé. On y croise des «soldats», des «capitaines», des «chefs» aux noms plus exotiques les uns que les autres: Carmine «le taureau» Agnello côtoie Ronnie «le manchot» Trucchio et John «Jeannot le pif» D'Amico.