Le Sénat américain s'est lancé lundi dans une guerre de tranchées sur la réforme de la couverture maladie de Barack Obama, avec pour objectif un vote à l'arraché avant Noël, au moment où le président est déjà accaparé par le dossier afghan.

Après des mois de discussions en commission et de négociations informelles, les sénateurs ont entamé pour la première fois les débats en séance plénière lundi après-midi.

«Même si nous serons parfois en désaccord, mettons nous au moins d'accord pour dire que ne rien faire n'est pas envisageable», a déclaré le chef de la majorité démocrate, Harry Reid. Il a confirmé aux sénateurs qu'ils auraient à travailler le week-end pour achever le débat sur le projet de loi d'ici à la fin de l'année.

De nombreux amendements vont être débattus avant un vote pour lequel M. Reid a besoin des voix de 60 des 100 élus de la chambre haute.

Mais il s'agit d'un véritable défi car plusieurs sénateurs démocrates centristes ont déjà fait savoir qu'ils ne soutiendraient pas le texte s'il contient - comme c'est le cas actuellement - une caisse d'assurance maladie gérée par le gouvernement fédéral, qui serait mise en concurrence avec les assurances privées.

Le 22 novembre, les 58 démocrates et les deux sénateurs indépendants généralement alliés avec la majorité, ont voté «oui» à l'ouverture des débats devant le Sénat. Mais les sénatrices démocrates Blanche Lincoln (Arkansas), Mary Landrieu (Louisiane) et leur collègue indépendant Joe Lieberman (Connecticut) ne veulent pas d'une «option publique».

En outre, le démocrate Ben Nelson (Nebraska) a dit qu'il s'opposerait à tout projet de loi qui ne comportera pas de disposition limitant l'utilisation de fonds publics pour l'avortement.

Par ailleurs, les républicains, minoritaires mais farouchement opposés à la réforme telle que proposée par les démocrates, ont juré de faire échouer le projet de loi.

Le leader de la minorité républicaine Mitch McConnell a réitéré lundi son opposition au projet de loi en qualifiant le texte de 2074 pages de «monument à plus d'intervention publique, plus d'impôt, plus de dépenses et plus de dette».

Les républicains peuvent retarder la tenue d'un vote final aux premiers mois de 2010, année des élections de mi-mandat au Sénat et à la Chambre des représentants, ce qui savonnerait davantage la planche pour un ralliement des démocrates centristes.

L'opposition estime que la réforme va coûter 2500 milliards de dollars sur dix ans, alors que les démocrates avancent le chiffre de 848 milliards.

Un éventuel soutien des sénatrices républicaines centristes Olympia Snowe et Susan Collins (toutes du Maine) au projet démocrate, était encore incertain lundi.

Parallèlement, au moment où son projet-phare est en danger au Sénat, M. Obama s'apprête à marcher sur des oeufs mardi soir en annonçant le probable déploiement de quelque 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.

La Chambre des représentants a approuvé le 7 novembre dernier sa propre version du projet de loi de réforme de la couverture santé. Si le Sénat parvient à approuver la sienne, sénateurs et représentants devront se mettre d'accord sur un texte de compromis, qui devra être adopté à son tour devant chacune des deux chambres.

Selon le dernier sondage Gallup publié lundi, 49% des personnes interrogées se disent opposées au plan contre 44% seulement qui y sont favorables ou plutôt favorables.