Les démocrates du Congrès américain, peu enthousiastes à l'idée d'envoyer des renforts en Afghanistan, envisagent de lever un impôt pour financer ce nouveau déploiement et en limiter l'impact sur le déficit abyssal des États-Unis.

Selon des chiffres du Service de recherches du Congrès (CBO), qui fournit des analyses aux élus, la guerre en Afghanistan a coûté à Washington 3,6 milliards de dollars par mois depuis 2001, soit plus de 43 milliards par an. Le président Barack Obama dira «dans les prochains jours» s'il décide ou non d'envoyer des renforts en Afghanistan, selon son porte-parole Robert Gibbs.

Les responsables démocrates, plutôt réticents face à cette guerre qui a commencé en 2001, ne barreront pas la route aux renforts, qui pourraient représenter 40.000 soldats supplémentaires, comme réclamé par l'armée.

Mais dans un contexte de déficit budgétaire record (1.417 milliards de dollars en 2008-2009, 10% du PIB), fustigé quotidiennement par l'opposition républicaine, plusieurs responsables démocrates ont jugé nécessaire de trouver de nouvelles ressources.

À la Chambre des représentants, ils ont déposé la semaine dernière un projet de loi créant une taxe supplémentaire pour financer les dépenses à venir en Afghanistan, sous le nom de «Loi de partage du sacrifice».

Parmi eux, John Murtha, qui préside la commission de contrôle des finances du Pentagone, et Dave Obey, à la tête de la commission chargée de répartir les dépenses fédérales, ont estimé que «si cette guerre doit avoir lieu, il n'est que justice que chacun en partage le poids». «C'est pourquoi nous proposons ce projet de loi pour un nouvel impôt afin que le coût de la guerre ne soit pas payé par l'emprunt», ont-ils ajouté.

Le texte, soutenu par le président de la commission des Finances de la Chambre, Barney Frank, prévoit toutefois un délai d'un an pour sa mise en application, si le président juge l'économie encore trop faible.

Les anciens combattants qui ont servi en Irak et en Afghanistan depuis le 11 septembre, seraient exemptés ainsi que les familles des soldats tués au combat.

L'impôt, graduel, serait réparti en trois tranches: les ménages gagnant jusqu'à 150.000 dollars par an supporteraient une taxe de 1% de leur revenu imposable, ceux gagnant entre 150.000 et 250.000 dollars et ceux gagnant plus de 250.000 dollars se verraient appliquer un taux variable en fonction de ce qu'a coûté la guerre l'année précédente.

Appliqué de cette façon, le dispositif ferait davantage supporter le coût de la guerre aux contribuables les plus riches.

Avec la montée en puissance américaine en Afghanistan, la moyenne annuelle des dépenses va augmenter et pourrait avoisiner les 68 milliards de dollars par an, selon une source à la Chambre des représentants.

Du côté du Sénat, le président de la commission de la Défense, Carl Levin, s'est montré favorable à un impôt supplémentaire.

Dans une interview à la télévision Bloomberg, M. Levin a indiqué: «je pense que nous devons trouver des revenus, en particulier parmi les tranches de revenus élevées». M. Levin cible les personnes gagnant plus de 200.000 à 250.000 dollars.

On est moins réceptif dans le camp républicain à l'idée d'une nouvelle taxe. «Le sénateur McCain est catégoriquement opposé aux augmentations d'impôts et appelle les responsables des finances au Congrès à éliminer les dépenses inutiles pour faire économiser aux Américains des milliards de dollars», a-t-on indiqué au bureau du sénateur, qui siège à la commission de la Défense.