Barack Obama a réuni lundi soir un conseil de guerre crucial avant de décider, peut-être dès la semaine prochaine, s'il envoie ou non plusieurs dizaines de milliers de soldats américains supplémentaires en Afghanistan.

M. Obama a rassemblé pendant près de deux heures ses principaux ministres -- dont le secrétaire à la Défense Robert Gates et la chef de la diplomatie Hillary Clinton --, généraux, diplomates et conseillers concernés dans la salle ultra-sophistiquée consacrée à la gestion des crises située sous la Maison-Blanche, a indiqué son administration.

Il s'agissait de la neuvième réunion de ce genre avec son équipe de sécurité nationale depuis août. La Maison-Blanche n'a pas contesté que cela pourrait être la dernière avant que M. Obama ne prenne la décision stratégique peut-être la plus importante de sa présidence.

Celle-ci ne semble plus qu'une question de jours et M. Obama pourrait l'annoncer à partir de la semaine prochaine, a dit son porte-parole Robert Gibbs.

Dans la mesure où M. Obama ne se prononcera pas avant Thanksgiving jeudi et où la grande fête familiale américaine est suivie d'un creux d'activité jusqu'à dimanche, «la première possibilité serait à un moment donné la semaine prochaine», a dit M. Gibbs.

La radio nationale publique (NPR), citant des sources anonymes, a affirmé que M. Obama pourrait annoncer ses intentions le 1er décembre en s'adressant à la nation.

La réunion de lundi soir était a priori davantage destinée à répondre à certaines questions que M. Obama a encore qu'à entériner une stratégie et les effectifs qui vont avec, a ajouté M. Gibbs.

Mais elle pourrait être déterminante: si la conviction de M. Obama n'est pas faite dès ce lundi, elle le sera «peut-être au cours des jours à venir», a-t-il dit.

M. Obama doit dire s'il accède à la demande de son commandant sur le terrain, le général Stanley McChrystal. Devant la dégradation de la situation afghane, celui-ci recommanderait de déployer environ 40.000 soldats américains en plus des 68 000 déjà sur place. Sans renfort, la mission afghane court à l'échec, aurait-il prévenu.

M. Obama est soumis à la pression croissante de ses adversaires républicains, qui réclament qu'il tranche vite et en faveur du général McChrystal.

Mais il fait aussi face à l'hostilité grandissante des Américains à la guerre. Le président la juge nécessaire, mais elle a encore tué quatre de ses compatriotes dimanche et lundi. Loin de sembler prendre fin bientôt après plus de huit ans, elle connaît son année la plus meurtrière pour les soldats américains, afghans et étrangers, mais aussi pour les civils.

Un récent sondage pour le quotidien Washington Post et la chaîne ABC indiquait que 48% des Américains désapprouvaient désormais la conduite de cette guerre par M. Obama, autrefois l'un de ses points forts, tandis que 45% l'approuvent.

L'hostilité grandit chez les propres partisans de M. Obama.

Son administration est elle-même divisée entre les partisans d'une stratégie destinée à combattre l'insurrection des talibans et celle visant surtout le danger terroriste, en Afghanistan et au Pakistan voisin, pour empêcher que la région ne serve à préparer des attentats comme ceux du 11 septembre.

La méfiance inspirée par le gouvernement afghan et l'imbroglio auquel a donné lieu la réélection du président Karzaï ont encore compliqué l'affaire.

Lors du dernier conseil de guerre le 11 novembre, M. Obama a demandé à ses collaborateurs de revoir les quatre stratégies qu'ils lui soumettaient et de revenir vers lui après avoir «combiné» ce qu'elles avaient de meilleur.

Il leur a aussi demandé des stratégies de sortie du conflit; il a signifié depuis lors qu'il voulait pouvoir dire aux Américains jusqu'à quand ils étaient engagés en Afghanistan.