Une commission du Sénat américain va examiner lundi les détails de la tuerie qui a fait 13 morts sur la base de Fort Hood au Texas le 5 novembre, alors que le président Barack Obama a affirmé samedi sa volonté de faire toute la lumière sur l'affaire.

Deux hauts responsables de l'armée américaine, le secrétaire à l'armée de Terre, John McHugh et le chef d'état major de l'armée de Terre, le général George Casey, seront questionnés lundi après-midi à huis clos par les sénateurs de la commission de la Défense. Selon Brooke Buchanan, la porte-parole de John McCain, le plus haut responsable républicain dans cette commission, le but de l'audition de lundi est de «savoir comment empêcher cela de se reproduire».

Dans son allocution hebdomadaire samedi, M. Obama a relevé que la tuerie avait peut-être été précédée de signaux d'alerte.

L'examen complet qu'il a ordonné de la séquence des événements rassemblera «toutes les informations qu'on connaissait sur le tireur, et nous devons établir ce qu'on a fait de ces informations», a-t-il dit quatre jours après avoir participé à Fort Hood à la cérémonie en hommage aux 13 personnes tuées par Nidal Hasan, un psychiatre militaire.

M. Obama a également dit s'attendre à ce que le Congrès cherche lui aussi à savoir la vérité. Mais, a-t-il prévenu, «nous devons tous résister à la tentation de faire de cet événement tragique le spectacle politique auquel donne parfois lieu le débat à Washington».

Les informations publiées sur le compte de Nidal Hasan le décrivent comme un musulman très croyant, mortifié par l'idée d'être envoyé en Afghanistan, obsédé par le tort causé à ses coreligionnaires, et qui a été en contact avec un imam radical pourtant placé sous surveillance antiterroriste.

L'imam yéménite Anouar Al-Aulaqui, né aux États-Unis et qui correspondait par courriels avec M. Hasan dit qu'il avait la «confiance» de ce dernier et défend son geste dans une interview reprise en substance lundi par le Washington Post.

L'imam radical, soupçonné par les autorités américaines d'avoir des liens avec Al-Qaeda et qui a qualifié Hasan de «héros» après la tuerie, a accepté de répondre aux questions d'un journaliste yéménite qui a transmis au Washington Post les notes écrites qu'il a prises de cette interview.

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L'imam, né aux États-Unis et qui prêchait dans une mosquée de Virginie fréquentée par Hasan avant de partir s'installer au Yémen, confirme avoir entretenu avec lui une correspondance par courriels au cours de l'année passée. Il décrit Hasan comme un musulman sérieux, qui avait une bonne connaissance de la loi islamique et qui faisait souvent appel à «des preuves puisées dans la charia montrant qu'il fallait combattre les actions de l'Amérique».

L'imam dit avoir reçu un premier courriel de Hasan le 17 décembre 2008 et être devenu par la suite son confident. «Il était clair à travers ses courriels que Hasan avait confiance en moi. Nidal m'a dit: je parle avec vous de sujets dont je n'ai jamais parlé avec personne d'autre», dit-il, expliquant que ce dernier est devenu un musulman pieux au moment où il fréquentait la mosquée où lui-même prêchait, en 2001 et 2002.

L'imam a dit avoir répondu à certains des courriels du psychiatre, mais a refusé de dire ce qu'il lui avait dit et si Fort Hood avait été mentionnée comme une cible possible.

Aulaqui a cependant justifié cette attaque, qui a fait, outre les 13 morts, 42 blessés, expliquant qu'elle était autorisée par l'islam car il s'agissait d'une forme de guerre sainte (jihad).

«Certains aux États-Unis ont dit que cette fusillade n'avait rien à voir avec l'islam, que ce n'était pas autorisé par l'islam», selon les propos d'Anouar al-Aulaqui rapportés par le journaliste yéménite qui l'a interviewé. «Mais je dirais que c'est autorisé (...) C'est l'Amérique qui est venue combattre dans les pays musulmans».

Des commentaires diffusés sur le site Internet de l'imam après la tuerie affirment: «J'ai béni son acte car il visait une cible militaire. Et les soldats qui ont été tués n'étaient pas des soldats normaux, mais étaient entraînés et préparés à aller en Afghanistan et en Irak».

Il écrivait également que «combattre l'armée américaine est un devoir islamique» et que «le seul moyen pour un musulman de justifier aux yeux de l'islam le fait de servir dans l'armée américaine serait son intention de suivre les traces du commandant Hasan».