La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a énoncé dimanche une définition a minima de l'engagement américain en Afghanistan, soulignant que l'objectif était d'«éradiquer» Al-Qaïda mais pas de rester indéfiniment dans le pays ni d'y construire une «démocratie moderne».

Alors que le président Barack Obama doit bientôt annoncer sa stratégie en Afghanistan, dont l'envoi éventuel de dizaines de milliers de troupes supplémentaires, Mme Clinton a affirmé que l'objectif était d'effacer Al-Qaïda de l'équation.

«Nous voulons démanteler, éradiquer et vaincre ceux qui nous ont attaqués» le 11 septembre 2001, a expliqué Mme Clinton dans l'émission de NBC Meet the Press, reprenant mot pour mot une définition déjà prononcée par M. Obama en février, peu après le début de son mandat.

Mais «rester en Afghanistan ne nous intéresse pas. Nous n'y avons pas d'intérêts à long terme», a-t-elle déclaré à l'antenne d'une autre émission dominicale, This Week sur ABC, un entretien accordé comme le premier depuis Singapour où elle se trouvait dans le cadre du forum Asie-Pacifique.

Deux semaines après la réélection du président Hamid Karzaï à l'issue d'un processus entaché de fraude, Mme Clinton a aussi martelé que ce dernier «et son gouvernement peuvent mieux faire» pour diriger le pays.

«Nous avons fait passer le message. Maintenant que l'élection est finalement terminée, nous voulons voir des preuves tangibles que le gouvernement (...) répond davantage aux besoins» des Afghans, a-t-elle insisté.

Les Afghans «ne veulent pas un retour des talibans, ils veulent un gouvernement qui puisse vraiment fonctionner pour les servir. Et ensemble, nous et nos alliés de la communauté internationale les aiderons à mettre sur pied une force qui pourra s'occuper de leur sécurité», a remarqué Mme Clinton

«Mais nous n'avons pas d'illusions. Nous n'en sommes pas aux jours de jadis lorque les gens (...) parlaient de la façon dont nous allions aider les Afghans à construire une démocratie moderne, un Etat fonctionnant mieux et toutes ces choses formidables», a lancé la secrétaire d'Etat.

«Cela pourrait arriver, mais notre priorité est la sécurité des États-Unis. Comment nous protégeons-nous et nous défendons-nous contre de futures attaques. Nous ne voulons pas que l'Afghanistan redevienne un sanctuaire et une rampe de lancement pour le terrorisme comme c'était le cas auparavant», a-t-elle prévenu.

Vendredi lors de l'escale japonaise de sa tournée asiatique, M. Obama a promis une décision «bientôt» sur l'envoi ou non de renforts en Afghanistan. Dans son entourage, on a indiqué qu'il n'annoncerait pas de décision avant son retour aux États-Unis le 19 novembre.

Quelque 68 000 soldats américains doivent être stationnés d'ici à la fin de l'année en Afghanistan. Le commandant militaire sur le terrain, le général Stanley McChrystal, réclamerait à M. Obama jusqu'à 40 000 soldats supplémentaires pour lutter contre l'insurrection.

Mais l'Afghanistan se révèle de plus en plus meurtrier et ce conflit entré dans sa neuvième année rencontre une opposition croissante dans l'opinion publique américaine.

Interrogé sur CNN, le principal conseiller du président Obama, David Axelrod, a assuré dimanche qu'une décision sur l'envoi de renforts en Afghanistan était «proche» et insisté sur la perspective du retour des soldats.

«Nous ne pouvons à l'évidence rester engagés éternellement», a-t-il remarqué, plaidant pour «maximiser les efforts contre Al-Qaïda tout en pensant à ramener les troupes à la maison à un moment ou à un autre».